[Africa Diligence] C’est peu dire que Marcolino José Carlos Moco n’a jamais porté Isabel dos Santos dans son cœur. Ancien Premier ministre du père, du 2 décembre 1992 au 3 juin 1996, les avantages dont bénéficie la fille du président l’ont toujours hérissé. La situation économique actuelle de l’Angola n’aide pas. Il tire à boulets rouges sur la milliardaire.
Le 6 avril 2016, le FMI s’est déclaré prêt à aider l’Angola à s’attaquer aux défis économiques auxquels le pays fait actuellement face. Le Fonds monétaire international souligne que le déclin brutal des prix du pétrole depuis la mi-2014 représente un défi majeur pour les exportateurs de pétrole, notamment ceux dont les économies doivent encore être diversifiées. En réponse à ce communiqué, le ministère des finances angolais a confirmé la demande d’aide et s’est dit prêt à travailler aux côtés du FMI pour renforcer « la discipline budgétaire ». Sous le masque, c’est donc la soupe à la grimace à Luanda.
Selon Marcolino Moco, l’aide du FMI viendra enfoncer davantage le pays. Pour lui, le véritable problème de l’Angola vient d’une poignée de membres de la famille du président José Eduardo dos Santos et l’establishment militaire. « Ils y a ceux qui se soucient réellement des inégalités au sein de la population. Puis il y a ceux qui se sont enrichis dans les circonstances de la guerre – terminée en 2002 – et qui occupent des positions confortables aujourd’hui. Ils peuvent avoir des entreprises à l’extérieur, mais ne sont pas aussi percutants sur le marché local où la famille présidentielle règne en maître. Interrogé sur la relation entre la Banque BPI et Caixa, l’ancien premier ministre évite d’une pirouette : « je ne sais pas ce que Isabel dos Santos, mais elle doit se soumettre aux règles ».
L’ex Premier ministre s’interroge ensuite sur l’origine réelle de la fortune de la première milliardaire en dollars d’Afrique. « Aujourd’hui, avance-t-il, personne ne se soucie de savoir d’où viennent tant de richesses… » Marcolino Moco trouve « immonde » d’ouvrir des magasins de grande surface alors que des Angolais meurent dans les hôpitaux, faute de soins. L’homme de l’Etat redécouvre visiblement son pays…
En rappel, Isabel dos Santos a fait des études de génie électrique en Grande Bretagne, où vit sa mère Azerbaïdjanaise, Tatiana Kukanova. Sa fortune est loin d’être tombée du ciel. Au contraire. Ses premiers échecs ont été cuisants, mais cela Marcolino Moco ne le mentionne pas. Résiliente devant l’Eternel, celle qui a démarré avec une entreprise de restauration et une société de collecte d’ordures a su se diversifier au fil des ans, embrassant tour à tour les télécommunications et l’ingénierie financière. Il est attesté que l’essentiel de sa fortune vient des actions qu’elle détient dans des grandes entreprises angolaises et portugaises, dont 28% du conglomérat Zon d’une valeur de 385 millions de dollars.
« Aujourd’hui, Isabel dos Santos est plus une solution qu’un problème pour l’économie angolaise », estiment les analystes de Knowdys Consulting Group, leader du conseil en intelligence économique et due diligence en Afrique subsaharienne.
Awa Diallo