Black Panther : le super-héros africain devait revenir

[Africa Diligence] En relançant Black Panther, un super-héros à part, monarque noir africain du pays le plus avancé au monde, le studio Marvel a tapé dans le mille. L’Afrique qui émerge produit de nouveaux types de héros. Dans le réel comme dans l’imaginaire. Et c’est rentable : 330.000 exemplaires vendus pour le premier numéro.

Black Panther, qui vient de fêter ses cinquante ans, est un ancien de la grande famille des super-héros. Il « a toujours été un personnage apprécié des fans », souligne Ben Saunders, directeur du programme sur la bande dessinée à l’université d’Oregon.

Mais Marvel lui a offert une cure de jouvence en le plaçant sous la plume de Ta-Nehisi Coates, un auteur en vogue qui a fait sensation l’an dernier avec son livre « Between the world and me », une lettre à son fils sur la place des Noirs dans la société américaine. « Ça devait arriver […] Cela faisait sens« , résume Axel Alonso, rédacteur en chef de Marvel Comics qui explique que l’écrivain est un passionné de « Comic Books », les albums de super-héros. « Il y a plus de gens intéressés par l’auteur que par le héros, alors que c’est plutôt l’inverse d’habitude« , remarque Robert Battle, vendeur chez Midtown Comics, une librairie spécialisée de Manhattan.

Ta-Nehisi Coates « a attiré l’attention de beaucoup de gens qui ne lisent pas (d’albums de super-héros) d’ordinaire », abonde Ben Saunders. L’auteur a encore accentué le sérieux et la gravité de Black Panther, un super-héros pas comme les autres. Son alter ego, T’Challa, est noir, titulaire d’un doctorat de physique et roi de Wakanda, un pays africain imaginaire, considéré comme le pays le plus développé au monde. « Ta-Nehisi est un conteur formidable qui maîtrise la langue et il a des choses à dire sur nous, sur l’homme, l’humanité, qui transcendent la politique », fait valoir Axel Alonso.

Dans la nouvelle série, Black Panther est ainsi notamment aux prises avec un soulèvement populaire qui conteste sa légitimité. « Ce n’est pas le genre de problème qu’un super-héros peut régler d’un coup de poing« , souligne Axel Alonso. « J’adore le personnage« , s’enthousiasme Josh Johnson, un autre vendeur de chez Midtown Comics. « Je suis plus intéressé par l’aspect politique de son histoire« , explique-t-il. « Je me suis mis à le suivre plus jeune parce que je ne savais pas qu’il y avait des super-héros en dehors de New York. »

‘Black Panther est une exception’ 

Black Panther n’est pas le premier ou le seul super-héros noir, loin s’en faut. Falcon, John Stewart (Green Lantern), Black Lightning ou Luke Cage avaient déjà également posé des jalons. Mais pour Jonathan Gayles, professeur d’études afro-américaines à l’université Georgia State, « Black Panther est une exception ».

« Il sort du lot parce qu’en tant que super-héros africain, il échappe à l’histoire raciale des Etats-Unis« , explique-t-il, alors que « les premiers super-héros afro-américains ont été lestés de stéréotypes associés aux hommes noirs« . Parce qu’il est étranger, « il ne représente pas le même niveau de menace qu’un super-héros afro-américain« , considère Jonathan Gayles, qui a réalisé un documentaire sur les super-héros noirs.

« Je pense que ces albums peuvent attirer des lecteurs noirs » ainsi que des lecteurs de Ta-Nehisi Coates, « mais je crois que T’Challa, comme tous les meilleurs personnages de Marvel, intéressera les lecteurs de toutes origines parce que son histoire est universelle« , veut croire Axel Alonso. Avant même que la nouvelle série d’albums ne devienne un phénomène d’édition, Marvel avait déjà mis en route un film intitulé « Black Panther » dont la sortie est prévue en 2018.

Le projet a été confié à Ryan Coogler, le jeune réalisateur noir à l’origine de « Creed », déclinaison de la saga « Rocky » qui a renouvelé le genre. En attendant 2018, Black Panther fait une première apparition dans « Captain America: Civil War », où la dimension du personnage est cependant réduite à celle d’un combattant qui cherche à venger son père. « Je pense qu’il y a encore un peu d’hésitation à accepter l’idée que tout le monde a le droit d’être vu comme puissant », estime Jonathan Gayles. Si le film éponyme est un succès aux guichets, le filon sera exploité, selon lui, car la résurrection de Black Panther « est un moyen d’élargir leur audience et de gonfler leurs marges. »

La Rédaction (Avec AFP)