[Africa Diligence] Après des études en science de l’information et de la communication, Jamal Mossaddeq intègre l’École de guerre économique de Paris pour un 3ème cycle en management stratégique et intelligence économique. Diplôme en poche, il rejoint Knowledge and Synthesis, un cabinet parisien où il fait ses armes avant de lancer Menosys au Maroc. Pour ce Marocain, la bonne gouvernance est le secret d’une émergence durable.
Aux âmes bien nées, le leadership n’attend pas le nombre d’années d’expérience. Jamal Mossaddeq n’est resté que deux ans chez le français Knowledge and Synthesis. Jeune expert en veille stratégique et intelligence économique, il multiplie des rencontres et réussit à fédérer d’anciens collaborateurs à qui il vend l’idée d’un retour gagnant au Maroc.
Au fil des ans, les efforts de Rabat en matière de bonne gouvernance et de simplification administrative notamment ont permis au Royaume chérifien de faire des sauts remarquables au sein du classement Doing Business de la Banque mondiale. Mais beaucoup reste à faire. Menosys choisit d’attaquer le marché par le conseil et la formation.
Plus pragmatique que disert, cet entrepreneur pressé qui regarde l’émergence de l’Afrique comme une chance pour le Maroc a trouvé le temps de répondre à nos questions.
Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?
Jamal Mossaddeq : L’émergence économique du continent africain est une réalité. Depuis quelques années la notion d’émergence a fait une entrée dans le vocabulaire de ceux qui commentent ce qui se passe en Afrique. Le continent attire de plus en plus l’intérêt des investisseurs et des opérateurs mondiaux en quête de croissance. Toutefois le processus d’émergence économique exige une réelle conscience du développement mobilisant l’ensemble des acteurs de la vie économique, politique, culturelle et sociale. L’Afrique doit se mobiliser sur plusieurs fronts, celui de la stabilité politique, celui de la démocratie et celui de la gouvernance. Plusieurs pays africains ont adopté des plans d’émergence en vue de transformer la structure de l’économie et de consolider le processus démocratique.
S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?
Pour un développement rapide et efficace, il me parait indispensable de s’attaquer aux leviers prioritaires de la transformation. D’abord, la gouvernance politique : le continent africain a besoin d’une bonne gouvernance politique capable de mettre en place des politiques publiques efficaces et innovantes afin de corriger les dysfonctionnements et combler les déficits au niveau des infrastructures, des ressources humaines, de la santé, du système éducatif, etc. Ensuite, la formation : le développement économique se fait par des compétences et par une stratégie d’innovation, d’où l’intérêt de faire de la formation un levier stratégique. Nous devons nous attaquer à nos systèmes d’éducation et notamment à l’enseignement supérieur. Nous vivons dans une ère de la connaissance et nous devons y prendre part et y contribuer. Nous devons encourager les partenariats scientifiques entre les pays africains et faire de nos universités un vivier scientifique et technologique.
Si vous vous retrouviez à la tête du gouvernement, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?
Une refonte du système éducatif, des mesures en faveur des PME/TPE, et des mesures pour consolider le rôle de la société civile dans le processus de développement.
Que pensez-vous de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique ?
Cette initiative est d’une grande importance pour l’ensemble des acteurs économiques et publics du continent. L’Afrique est devenue stratégique pour l’Europe, pour la Chine et pour les États-Unis. Il faut donc se positionner dans l’échiquier économique et géopolitique mondial d’où l’intérêt de diffuser la culture de l’intelligence économique et stratégique.
Propos recueillis par la Rédaction
© Knowdys Database 2015 – Cet article ne peut être repris qu’à condition d’en mentionner la source et le lien.