(Africa Diligence) Le Premier ministre nippon était en tournée sur le continent africain pour vendre le « made in Japan ». Pour clore sa tournée africaine historique, Shinzo Abe a pris la parole mardi à Addis-Abeba en Éthiopie depuis le siège flambant neuf de l’Union africaine, construit et offert… par la Chine.
La rivalité sino-japonaise constitue en effet la toile de fond du voyage du premier ministre japonais en Afrique. Autant la «Sinafrique» a-t-elle défrayé la chronique ces dernières années, autant l’empire du Soleil-Levant semblait avoir délaissé le continent noir. Certes, le Japon est resté un généreux donateur mais ses échanges commerciaux avec l’ensemble du continent n’atteignaient pas 15 milliards d’euros en 2013, soit cinq fois moins que ceux liant l’Afrique à la Chine.
Shinzo Abe qui entend déployer une diplomatie plus active, paie de sa personne pour, d’une part, sécuriser des approvisionnements énergétiques indispensables à l’Archipel et, d’autre part, vendre des produits «made in Japan» à la classe moyenne africaine émergente.
A Abidjan, Shinzo Abe ne s’est pas contenté d’offrir cent kimonos à la Fédération ivoirienne de judo en vue des Jeux olympiques de «Tokyo 2020». Il a annoncé une aide de 5,5 millions d’euros à la Côte d’Ivoire, une petite part d’une enveloppe de 61 millions d’euros d’aide humanitaire attribuée à plusieurs pays du Sahel. Shinzo Abe, qui se qualifie lui-même de «premier VRP» de son pays, envisage l’Afrique comme un marché prometteur pour les infrastructures (centrales énergétiques, ports), l’automobile ou encore l’équipement médical, l’une des priorités industrielles retenues dans le cadre de l’«Abenomics», la politique de relance du premier ministre.
Au Mozambique, samedi, la priorité était aux matières premières. Ce pays bordant l’océan Indien détient d’importantes réserves de charbon et de gaz, encore largement inexploitées. Le Mozambique prévoit de construire d’ici à 2018 quatre usines de liquéfaction de gaz de façon à exporter 20 millions de tonnes de GNL (gaz naturel liquéfié) par an. Le Japon, premier importateur mondial de GNL, encore plus dépendant des hydrocarbures depuis la fermeture de l’ensemble de son parc nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima, va répondre à l’appel d’offres de ce chantier à 15 milliards d’euros, via ses industriels Chiyoda et Mitsui.
Dans les trois capitales africaines de sa tournée, le premier ministre japonais a fait passer un message pour contrer le rival chinois, souvent accusé d’envoyer sa main-d’œuvre sans grandes retombées pour l’économie locale. La coopération à la mode japonaise prévoit la formation de main-d’œuvre locale, 200 techniciens mozambicains par exemple, pour s’inscrire dans le long terme.
Avec Le Figaro