Le Bénin amorce son décollage économique

(Africa Diligence) Pays minoritaire de par sa taille, le Bénin dispose d’un fort potentiel agricole, d’une ouverture sur la mer et des matières premières (calcaire, sable, granite, bois d’œuvre). Pour les spécialistes en intelligence économique d’Africa Diligence, ces éléments pourraient concourir à l’éclosion de son économie, et par là, à l’éloignement de la pauvreté, avec le concours des investissements.

La croissance a légèrement reculé en 2013 et devrait ralentir de nouveau en 2014. Le maintien du rythme de croissance est contraint par la modération dans la reprise des cours du coton et le recul du crédit. Toutefois, les réformes agricoles, la relance du trafic portuaire et le dynamisme du secteur des télécommunications contribueront à conserver une croissance forte. Le Plan stratégique 2011-2015 (adopté le 12 octobre 2011)  pour la relance du secteur agricole et le Programme d’investissement servent de socle à l’action sectorielle de modernisation.

La tension sur les prix s’est infléchie en 2013. L’inflation en 2014 devrait être conforme au plafond de l’UEMOA qui est de 3%. Il reste à craindre que la lutte contre le commerce illicite de produits pétroliers frelatés ne fasse ressurgir des tensions inflationnistes.

Les résultats macroéconomiques sont globalement satisfaisants. Toutefois, le déficit budgétaire a augmenté en 2013 et devrait encore s’accroître en 2014, en raison des difficultés de mise en œuvre des réformes. Ces difficultés s’expliquent par la faiblesse de l’administration et les oppositions syndicales. Les réformes concernent le renforcement des capacités de l’administration fiscale. La mise en place d’un identifiant fiscal unique est prévue, ainsi que d’un guichet unique portuaire, une base d’imposition élargie (gel des exonérations et élargissement de l’assiette de la TVA). Cela permettra une amélioration des recettes fiscales et une réduction du déficit. Par ailleurs, une partie de l’activité échappe encore à la fiscalité dont les recettes progressent moins vite que la croissance, reflétant l’importance du secteur informel.

L’effet conjugué des résultats budgétaires et des initiatives en faveur des pays pauvres très endettés et d’allègement de la dette multilatérale explique la baisse de la dette publique qui est bien en deçà du plafond communautaire de l’UEMOA (70% du PIB). En 2014, le financement de celle-ci devrait toujours être assuré par des emprunts multilatéraux et concessionnels. En outre, les critères de performance du FMI en matière de contraction de prêts non concessionnels et de non cumul d’arriérés sont respectés. Les résultats budgétaires et le profil d’endettement (risque de crise de dette faible) devraient faciliter le déboursement d’une 6e tranche (USD 16,2 millions) au titre de la Facilité élargie de crédit.

Le déficit courant a été réduit en 2013 et devrait se stabiliser en 2014. La hausse des exportations et la baisse des importations de biens alimentaires devraient alléger le déficit commercial. En outre, avec l’augmentation de la capacité du port, le déficit de la balance des services devrait significativement diminuer en raison de l’augmentation des services de transit vers l’hinterland. Le déficit de la balance des revenus sera modéré à cause d’une charge de la dette faible, liée à un endettement concessionnel. Le pays bénéficie d’un appui important des bailleurs, d’autant plus que la France l’a inscrit en juillet 2013 sur sa liste de pays prioritaires pour l’aide au développement. Les transferts courants devraient donc progresser.

Bien que stable, le système bancaire reste concentré, peu développé et marqué par l’insuffisance des droits de créance. L’intermédiation y est contrainte par les insuffisances du système judiciaire. En outre, les prêts sont concentrés sur un panel de grands emprunteurs, rendant les défauts préjudiciables pour la viabilité du système.

L’environnement des affaires est marqué par le clientélisme, les pesanteurs administratives, le déficit énergétique et une réglementation faible. Toutefois, des efforts sont entrepris sur le front judiciaire pour palier à tout cela. La pétro-piraterie dans le golfe de Guinée reste préoccupante. Cependant, le renforcement de la surveillance maritime a détourné les pirates vers les côtes togolaises.

Des réformes ont été engagées pour la reconstruction du pays. On peut citer la construction d’un nouvel aéroport à Glo Djigbé, la construction d’un port sec à Tori Bossito et la réalisation d’un port en eau profonde à Sèmè. Ces réformes pourront permettre au Bénin d’amorcer son décollage économique.

(Avec la Banque mondiale et Coface)