(Africa Diligence) De nombreuses révolutions numériques ont cours dans le monde aujourd’hui. Parmi elles, on note le développement sans cesse croissant des monnaies numériques dont le Bitcoin. Critiquée par certaines banques, cette « monnaie » est plutôt perçue comme une opportunité aux Etats-Unis et sans aucun doute en Afrique.
Sous les feux des projecteurs de l’économie internationale depuis la hausse massive de sa valeur, le Bitcoin n’était pourtant pas connu il y a peu. Mais, il est en passe de bouleverser toutes les industries et pratiques financières.
Qu’est-ce que le Bitcoin ?
Le Bitcoin est un réseau (au même titre qu’Internet) de consensus distribué permettant l’existence d’un nouveau système de paiement et d’une monnaie entièrement numérique. Il s’agit du premier réseau de paiement pair à pair décentralisé fonctionnant grâce à ses utilisateurs, sans autorité centrale ou intermédiaire. Le Bitcoin est un mix entre « Bit » et « Coin » ; le bit représente la plus petite unité numérique pour permettre facilement et rapidement la transmission de données entre machines ; le coin est le terme anglais qui désigne la pièce de monnaie.
Le Bitcoin est la première implémentation d’un concept appelé crypto-monnaie, qui a été décrit pour la première fois par Wei Dai en 1998, suggérant l’idée d’une nouvelle forme d’argent qui utiliserait la cryptographie pour contrôler sa création et ses transactions plutôt qu’une autorité centrale. La première spécification et preuve du concept a été publiée en 2009 dans une liste de diffusion sur la cryptographie par Satoshi Nakamoto. Le Bitcoin n’a qu’une partie des attributs d’une monnaie classique : si le bitcoin est une unité monétaire et un instrument de paiement pour ceux qui l’acceptent, il n’a pas d’effet libératoire légal car il n’est pas possible d’imposer le paiement en bitcoin en dehors de la communauté.
Comment fonctionne le Bitcoin ?
Pour débuter, il faut être connecté au réseau pour devenir partie prenante du système. Le logiciel Bitcoin fonctionne sur la base d’échange de fichiers, permettant à un utilisateur d’envoyer et recevoir des Bitcoins. En coulisse, le réseau Bitcoin partage un grand livre comptable nommé « chaine de blocs ». Celui-ci contient chaque transaction jamais traitée permettant à l’ordinateur d’un utilisateur de vérifier la validité de chaque transaction. L’authenticité de chaque transaction est protégée par des signatures numériques correspondant aux adresses émettrices, permettant à tous les utilisateurs d’être pleinement en contrôle de l’envoi de Bitcoins à partir de leurs propres adresses Bitcoins.
Quels sont les avantages et les inconvénients du Bitcoin ?
En tant qu’outil technologique, le Bitcoin a de nombreux avantages:
- L’utilisateur jouit d’une liberté de paiement : la possibilité d’envoyer et de recevoir n’importe quel montant instantanément, partout dans le monde et à tout moment ;
- Très peu de frais sont payés : les paiements avec le Bitcoin sont actuellement traités gratuitement ou avec des frais extrêmement bas ;
- Il existe un contrat de confiance entre ses utilisateurs qui choisissent librement de l’utiliser ou non;
- Cette monnaie numérique, contrairement aux billets de banque, est traçable d’un bout à l’autre de la chaîne des paiements. Elle donc infalsifiable et impossible à voler;
- Elle n’a a priori pas besoin de banques centrales, ni d’intermédiaires financiers à payer grassement pour exister.
Toutefois, quelques inconvénients peuvent être relevés au sujet du système Bitcoin notamment le niveau d’adoption encore très bas (qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises) et la volatilité. En théorie, cette volatilité diminuera au fur et à mesure que le marché et la technologie gagneront en maturité. Le Bitcoin est donc plein processus de maturation.
Quid du Bitcoin en Afrique ?
Comment peut-on envisager le Bitcoin comme une solution en Afrique ? En effet, la monnaie électronique est une réalité sur le continent, notamment à cause de la faible bancarisation. En plus, les coûts de transfert d’argent sont si élevés qu’ils nuisent à son développement. Les frais sont en moyenne de 12 % et peuvent grimper jusqu’à 22%, alors que la moyenne mondiale se situe à 8,9 % selon la Banque mondiale. Surfant sur cette situation, des opérateurs de télécoms, des prestataires de paiements et des plateformes d’échange développent des solutions alternatives. Au Kenya par exemple, les comptes d’argent électronique sur mobile sont bien plus répandus que les comptes bancaires, grâce à la solution de paiement mobile M-Pesa, adoptés par plus de 70% des Kenyans. M-Pesa transfert l’équivalent de 30% du PIB de ce pays chaque année. Le Rwanda, quant à lui, « délaisse peu à peu l’utilisation des espèces pour privilégier les transactions effectuées par voie électronique ».
Dans ce contexte, les Bitcoins, qui permettent d’éliminer largement les coûts de transferts, permettront aussi d’aider les institutions de microfinance à rationaliser leurs opérations. Si les commissions sur les transferts d’argent sont moindres, ces institutions pourront offrir des taux d’emprunt plus compétitifs.
Le Bitcoin présente ainsi un avantage certain et apparaît comme une alternative de plus en plus sérieuse. C’est donc tout un écosystème des plus dynamiques et innovants qui se met en place.
Junior SAGNE