L’industrie céramique marocaine à la conquête de l’Afrique

[Africa Diligence] Avec une capacité de production annuelle de 100 millions de m2, l’industrie céramique marocaine se place parmi les 21 premiers producteurs mondiaux. Le pays n’entend pour autant pas s’arrêter là. Son prochain objectif, conquérir les marchés internationaux, à commercer par l’Afrique.

Les industriels de la céramique affichent leur optimisme malgré la baisse des ventes des matériaux de construction dans un contexte de crise de l’immobilier. «Nous sommes optimistes car ce sont les moyens et petits promoteurs qui créent actuellement la croissance dans le marché de l’immobilier.

Ces derniers utilisent pour la majorité du carrelage local, ce qui va booster nos ventes et nous permettre, peut-être, de renouer avec la croissance en 2018», tient à préciser Mohsine Lazrak, président de l’Association professionnelle de l’industrie céramique (Apic).

D’autant plus que ce sont les grands groupes qui font le plus souvent appel aux produits importés. Quant aux moyens et petits promoteurs, ils préfèrent s’adresser aux industriels locaux pour plus de disponibilité (quantités suffisantes, présence régionale, conseillers…) et de SAV.

Les opérateurs parient également sur le plan de relance promis par le ministre de l’Habitat, Abdelahad El Fassi Fehri. «Nous avons tenu une réunion avec le ministre de l’Habitat qui a réuni les membres de la Fédération des matériaux de construction. Nous lui avons présenté nos doléances. Nous avons relevé un certain volontarisme. Nous espérons que nos attentes seront prises en compte lors de la réalisation du plan de relance promis par le ministre de tutelle», précise le président de l’Apic.

L’année 2017 aura été difficile pour les producteurs de carrelage, à l’instar des autres fabricants de matériaux de construction, souffrant de la morosité du secteur de l’immobilier. Les ventes ont quasiment stagné en 2017 (-1%) par rapport à 2016, totalisant près de 60 millions de m².

La production s’est située au même niveau des écoulements vu les stocks limités. La capacité installée, quant à elle, s’élève à 100 millions de m². Les usines ne tournent pas à plein régime utilisant seulement 60% de la capacité installée, ce qui fait augmenter le prix de revient. S’y ajoute le coût de l’énergie qui pénalise davantage les industriels.

Côté prix, les producteurs ont dû opérer trois baisses en 2017 pour s’aligner sur les bas prix de la concurrence, surtout espagnole qui inonde le marché (lire aussi article page 5). Les réductions ont cumulé 5% en une année. En 2018, aucune baisse des prix n’a été programmée, malgré la hausse des importations espagnoles (+20% à fin mars). Entre-temps, les industriels prennent leur mal en patience et attendent l’issue de ces manœuvres. «Nous espérons qu’il y aura un renversement de tendance  dans les prochains mois», argue Mohsine Lazrak.

Pour fructifier leur business, certains opérateurs se tournent vers l’export. Objectif: s’implanter solidement à l’international pour contrer la morosité du marché. Les entreprises productrices s’intéressent de plus en plus aux marchés africains, du Moyen-Orient et même européens.

C’est le cas de Facemag qui a commencé à exporter vers la Mauritanie, les pays d’Afrique subsaharienne (Guinée Conakry, Mali…), du Moyen-Orient (Jordanie…), etc. L’Europe n’est pas en reste. L’entreprise exporte vers la France et la Norvège (zellige maroco-andalou). Le management double d’effort pour conquérir d’autres marchés. Sa vision à moyen terme est de s’implanter sur l’un de ces marchés en tant que producteur.

Facemag a fait le choix d’asseoir la notoriété de sa marque et de son savoir-faire dans ces pays avant de sauter le pas, apprend-on auprès du management. Les industriels marocains se placent parmi les 21 premiers producteurs mondiaux. Ils disposent des dernières technologies utilisées en Europe, leur permettant de s’aligner sur les standards internationaux. Pour la branche sanitaire, les entreprises  exportent 65% de leur production.

Le secteur emploie plus de 4.500 personnes et plus de 2.500 indirectement. Il réalise un chiffre d’affaires qui dépasse les 3,5 milliards de DH. Le secteur a profité de mesures de sauvegarde de 2003 à 2010.

La Rédaction (avec Nadia Dref)

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