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Maroc : le marché cimentier devrait retrouver un niveau normatif en 2023, amélioration des marges en vue

[Africa Diligence] Cette année 2022, les cimentiers ont été fortement affectés par la hausse des intrants qui a rogné sur leurs marges. L’an prochain, des niveaux normatifs de consommation sont attendus. Une amélioration des bénéfices devrait se concrétiser pour les deux cimentiers côtés, du fait de la baisse du prix des matières premières. Le resserrement monétaire devrait peser sur la demande, surtout en ce qui concerne le logement social.

Depuis le début de l’année 2022, le secteur cimentier connaît une conjoncture défavorable. Alors que l’année 2022 se profilait sur une croissance atone attendue entre 2% et 3% par les professionnels du secteur, la guerre en Ukraine, l’incertitude économique et l’inflation sont venues perturber les projections.

La consommation affiche une baisse de plus de 9% à fin octobre à 10,43 Mt par rapport à la même période une année auparavant. La conjoncture a affecté la rentabilité du secteur côté. Ciments du Maroc et LafargeHolcim Maroc sont parvenus à maintenir leur chiffre d’affaires en répercutant partiellement la hausse des prix des matières premières sur les prix de vente.

Néanmoins, les marges en ont été affectées. Ciments du Maroc et LafargeHolcim Maroc ont respectivement vu leur résultat net reculer de 17,8% à 482 MDH et de 27% à 759 MDH. Cette baisse de rentabilité a principalement été causée par l’inflation galopante et la flambée des prix du petcoke, principale combustible de l’industrie.

Concernant les revenus, s’ils se sont maintenus avec un bon effet prix au S1-2022, l’érosion du pouvoir d’achat des ménages et la dégradation du contexte économique pourraient affecter la tendance sur le reste de l’année. Contactée à ce sujet, une source du marché nous indique que « cette baisse de la consommation enregistrée à fin octobre est supérieure à celle que nous avions anticipée. Nous tablions sur une reprise au T4, mais les statistiques montrent une baisse persistante. Cela impactera les activités des cimentiers cotés cette année, et cela nous poussera à revoir nos prévisions sur les deux valeurs ».

Mais après une année 2022 maussade, comment se comportera le marché du ciment en 2023 ?

Le retour à une consommation normative est attendu

L’an prochain, un réajustement devrait s’opérer après la baisse inattendue survenue cette année. Notre interlocuteur de la place explique qu’en 2023, « un effet mécanique devrait être observé. Cette année, nous devrions terminer à -8%, dépendant de la pluviométrie d’ici la fin d’année, car cela entrave le déroulement des chantiers. L’an prochain, nous anticipons une hausse équivalente en pourcentage pour revenir à des niveaux normatifs ». Il est à rappeler qu’en général, au Maroc, une année dite normative enregistre 13,5 Mt à 14 Mt de consommation de ciment par an.

La reprise attendue l’an prochain aura donc un effet mécanique positif sur la rentabilité des cimentiers cotés en 2023. Cette condition demeure néanmoins tributaire de l’inflation. Cependant, notre interlocuteur rappelle que « les consensus marchés, de manière générale, tablent sur une baisse des prix des matières premières en 2023. Cela va venir améliorer la rentabilité des cimentiers l’an prochain ». Pour les cimentiers, cette détente se fera notamment ressentir sur les coûts du petcoke qui permettront de soulager des marges sous pression.

Dans son dernier Stock Guide, la société de recherche CFG Bank anticipe une amélioration des marges pour les deux cimentiers cotés. Elle s’attend pour Ciments du Maroc à une reprise de la marge nette, passant de 21,7% cette année à 22,3% en 2023, avant de continuer à grimper à 25,4% en 2024. Concernant LafargeHolcim Maroc, la société de recherche anticipe une hausse à 24% de marge nette en 2023 contre 23,1% attendue cette année.

Les deux acteurs devraient également profiter d’un dynamisme et d’un besoin d’accompagnement dans les provinces du Sud où ils sont positionnés. D’ailleurs, dans son discours de la Marche verte, le Souverain a évoqué le rôle clé des provinces du Sud dans l’ouverture vers l’Afrique subsaharienne. De nombreux projets seront déployés, notamment le démarrage prochain des travaux du port Dakhla Atlantique.

Un resserrement monétaire néfaste

Un autre paramètre économique risque d’influencer le secteur cimentier en 2023.

La récente hausse du taux directeur de Bank Al-Maghrib va engendrer une hausse des taux d’intérêt, notamment dans l’immobilier. Pour rappel, le secteur immobilier draine 70% des ventes de ciments dans le Royaume. « A chaque hausse des taux, l’assiette des acheteurs solvables diminue. Les ménages les plus nécessiteux sont très sensibles au prix, et une hausse des taux entraîne une hausse des mensualités », explique notre source.

De fait, cela pourrait ralentir la demande, qui préfèrera attendre avant de concrétiser un achat. « Cela fait de nombreuses années que nous sommes dans un contexte de hausse des taux, et avant cela, lorsqu’il y avait une hausse des taux, il y avait une baisse de la demande », poursuit notre source.

Mais cet effet ne devrait pas être considérable, car « le logement social ne représente plus la part qu’il représentait historiquement, et c’est cette partie de la population qui est la plus sensible au prix. Si la hausse des taux avait eu lieu trois ou quatre ans auparavant, l’impact sur la demande aurait été bien plus important », conclut notre source.

La Rédaction (avec Brian B. et LB)

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