(Africa Diligence) 20 années après le génocide, le Rwanda renait lentement de ses cendres. Aujourd’hui, les conseils en Intelligence économique d’Africa Diligence louent les progrès spectaculaires enregistrés dans le pays. Le pays devra cependant redoubler d’efforts pour atteindre son objectif : devenir un hub d’échanges et de services d’ici 2020.
La croissance est forte mais a légèrement ralenti en 2013 (4.6% contre 7.3% en 2012). Ce ralentissement est dû à l’effet des difficultés budgétaires des pays contributeurs de l’aide et du ralentissement dans les secteurs de la construction et des services. La croissance restera assez élevée en 2014 (prévision 7%). La reprise de l’activité dans les pays avancés devrait permettre d’augmenter les flux d’aide. Cette reprise aura un impact positif pour la croissance rwandaise. Les services (commerce, finance, tourisme) devraient connaître un regain d’activité. Le principal risque pour la croissance (qui dépend de l’évolution de la situation sécuritaire dans la région des grands lacs où le Rwanda est accusé de jouer un rôle actif) est celui d’un arrêt durable des apports budgétaires extérieurs.
L’inflation a été contenue en 2013 (4.2%). Les prix des biens alimentaires et de l’énergie sont restés modérés. Elle devrait progresser en 2014, en raison de la hausse des prix des biens importés. Par ailleurs, la Banque centrale, tout en maintenant inchangé le taux directeur, a reconnu la faiblesse du crédit au secteur privé. Cela pourrait augurer d’un relâchement futur des conditions de financement et entretenir l’inflation.
Le déficit courant est important et ne devrait pas se réduire significativement en 2014. Le déficit commercial devrait rester élevé en raison de la baisse des exportations de minéraux (liée aux questions de traçabilité) et de l’importance des importations en biens d’équipement. Toutefois, l’augmentation de la production de thé et de café pourrait modérer ce déficit. La balance des revenus restera déficitaire. Le pays attire des investissements qui génèrent des revenus rapatriés.
Le solde budgétaire s’est dégradé en 2013. Les salaires ont été revalorisés et on a assisté à un regain des dépenses sociales d’assurance maladie. Le déficit devrait être réduit en 2014, le gouvernement a prévu d’élargir la base fiscale, de supprimer certaines exonérations et d’améliorer le recouvrement en automatisant les prélèvements. Par ailleurs, les privatisations pourraient apporter des recettes supplémentaires.
Dans la mesure où la suspension des aides américaine et britannique, suite à la suspicion de Kigali de soutenir la rébellion du M23 au Congo démocratique pourrait être levée, l’excédent de la balance des transferts devrait augmenter. Le besoin de financement restera couvert par les investissements étrangers et les émissions obligataires d’Etat, permettant la conservation des réserves de changes (4 mois d’importations) à un niveau honorable et contenant la dépréciation de la devise rwandaise. La dette publique devrait progresser.
Le pays a créé une nouvelle taxe sur les sociétés travaillant dans le secteur minier, les revenus de l’État ont ainsi augmenté pour atteindre 140 millions d’euros en 2013. Le gouvernement espère atteindre 300 millions en 2017. Le Rwanda s’est engagé dans un programme ISP (instrument de soutien des politiques économiques) avec le FMI pour renforcer la stabilité économique, favoriser une croissance durable et réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’aide internationale (qui représente plus de 40% du budget de l’État).
Les conjectures sur une modification de la constitution du pays soulèvent des désaccords. La stabilité intérieure devrait être préservée. Le Rwanda est au centre des tensions dans les grands lacs. Les relations sont tendues avec le Congo démocratique, en raison des rebellions le long de la frontière commune. En mai 2013, la proposition tanzanienne de convier le mouvement des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des ex-génocidaires selon Kigali, à négocier avec le Rwanda a provoqué l’ire des autorités et entraîné la crispation des relations bilatérales. Les tensions devraient retomber rapidement, mais elles risquent de fragiliser la Communauté de l’Afrique de l’Est et ralentir les projets d’intégration. Le Rwanda a réalisé d’importantes réformes de l’environnement des affaires, selon la Banque Africaine de Développement (renforcement des droits de la propriété privée, lutte contre la corruption, réduction des délais administratifs pour le démarrage d’une nouvelle entreprise).
Le faible niveau des ressources humaines, la mauvaise qualité des infrastructures, l’absence de côte maritime, les coûts élevés d’exploitation, l’insuffisance des ressources naturelles et l’instabilité politique de la région sont les facteurs qui limitent l’attrait potentiel du pays. Enfin, le gouvernement poursuit le développement de mesures libérales pour faire du Rwanda un hub d’échanges et de services. Cette stratégie a obtenu un franc succès comme le montre la réduction considérable des nécessités bureaucratiques (d’après la Banque Mondiale, il faut seulement deux procédures administratives et trois jours pour ouvrir son activité). Le FMI a exprimé sa satisfaction quant aux résultats macroéconomiques du Rwanda en 2013, tout en recommandant aux autorités de rester attentives dans leurs politiques et de s’appliquer à moderniser la politique fiscale du pays. Dans le cadre d’une volonté de diversification de l’économie, le programme « Vision 2020 » fixe des priorités de développement des activités non agricoles, de renforcement de l’efficacité des services et de meilleur ciblage des filets de protection sociale.
(Knowdys Database, avec la Banque mondiale, le FMI et Coface)