Sénégal : pour des réformes des crédits bancaires

(Africa Diligence) Le dernier rapport de la Banque des états de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) au 31 décembre 2013, a recensé 20 banques et 2 établissements de crédit au Sénégal. Malgré la domination du secteur financier par les banques, les experts en intelligence économique d’Africa Diligence estiment que l’octroi des crédits bancaires nécessite encore des réformes.

 Entre 2004 et 2010, le taux d’intérêt moyen sur les prêts a été de 12,15 %, relève le rapport national sur la compétitivité de l’économie sénégalaise. Il souligne que ce taux est plus élevé au Sénégal qu’en Côte d’ivoire, en Tunisie, en Afrique du Sud et dans la plupart des pays de la CEDEAO. En 2011, les écarts de taux d’intérêt, c’est-à-dire la différence entre les taux d’intérêt sur les prêts et les taux d’intérêt sur les dépôts, étaient de 11,0 %. Soit près de quatre fois plus élevés qu’en Tunisie et en Afrique du Sud. « Un tel écart élevé de taux d’intérêt est un indicateur de fonctionnement inefficient du secteur bancaire qui se reflète également dans les niveaux élevés de défauts de remboursement. Ce qui, en retour, pourrait s’expliquer par le manque d’accès à des informations fiables sur les emprunteurs » souligne le rapport.

 Manque de sophistication, asymétrie d’information sur les demandeurs de crédits et taux élevés de défauts de remboursement. Voilà, entre autres, autant de facteurs bloquants d’un financement correct de l’économie en dépit de la profondeur du système bancaire et financier au cours de la dernière décennie. C’est ce que révèle le même Rapport national sur la compétitivité de l’économie sénégalaise. En outre, il précise que le cadre réglementaire, jugé peu attractif, est associé à un accès limité et à des coûts élevés du crédit au secteur privé, particulièrement aux petites et moyennes entreprises (PME).

 En 2013, selon l’Agence nationale des statistiques et de la démographie (ANSD) sénégalaise, le crédit bancaire est en progression dans le pays ; il a connu une croissance d’environ 15%. En 2012, il a été d’environ 4 milliards de dollars contre près de 3,5 milliards l’année précédente. Pour la plupart des octrois, il s’agit de crédit de forme ordinaire, ils représentent plus de 99% de la somme totale. Pour ce qui est du type de crédit, le secteur a été dominé par les crédits à court et moyen terme. Ils représentent respectivement 46 et 41%, soit 1,84 et 1,64 milliards de dollars des crédits octroyés contre 3% seulement de crédits à long terme. Aussi, il convient de noter un léger recul d’environ 2%, des crédits en souffrances. Il en est de même pour les crédits défaillants qui auront concernés environ 184 millions de dollars, ce qui représente une baisse de 1,2% par rapport à l’année écoulée. Par contre, la tendance est à la hausse pour ce qui est des crédits douteux et litigieux, avec une croissance d’environ 16,6%.

Cependant, la confiance face aux établissements bancaires semble en hausse. En effet, les dépôts en banque ont été de près de 4,15 milliards de dollars en 2013 contre 3,88 milliards en 2012 soit 7% de croissance. Avec près de 2,13 milliards de dollars, les dépôts à vue ont une fois de plus pris le pas sur les dépôts qui ont été de 2,02 milliards de dollars. Pour les observateurs, un des entraves majeures à la démocratisation des services bancaires au Sénégal reste les coûts élevés des taux d’intérêt. Cette contrainte restreint considérablement l’accès aux financements pour des particuliers ou des PME du pays. Elle occasionne également un nombre toujours croissant des défauts de remboursement. Après la Cote d’Ivoire, l’activité bancaire sénégalaise est la deuxième de la zone UEMOA. Une meilleure régulation du secteur permettrait d’augmenter sa contribution dans le financement de l’économie du pays.

 (Avec Microfinance et Le Griot Info)