Sierra Léone : la résilience par le travail et l’entrepreneuriat

[Africa Diligence] Avec un taux de chômage qui touche près de 63% de la jeunesse active, l’emploi est au centre névralgique du virage stratégique amorcé par la Sierra Léone. Dans sa quête du statut de pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2018, le pays présente des indicateurs macroéconomiques encourageants et un climat des affaires capables de générer de nouveaux emplois. Une espèce de résilience par le travail et l’entrepreneuriat.

Les règles qui régissent le travail en Sierra Léone sont contenues dans le 212e chapitre du code pénal et civil de ce pays. Elles régulent les relations entre employeurs et employés et surtout encadrent l’exercice de toute activité au sein du pays.

Les conditions de travail

La durée légale de travail est fixée à 40 heures par semaine dans les conditions normales. Elle est répartie au maximum sur 5 jours ouvrables avec pour jour de repos le dimanche. Cependant, la durée hebdomadaire de travail peut être prolongée à 50 heures, pendant 2 mois par an, dans le cas d’une augmentation saisonnière de la charge de travail.

Le recours aux heures supplémentaires doit répondre à une nécessité absolue de service et revêtir un caractère exceptionnel. Les heures supplémentaires effectuées ne doivent pas excéder 20% de la durée légale et donnent lieu au paiement d’une majoration supérieure ou égale à 50% du salaire horaire normal.

L’âge de départ à la retraite en Sierra Léone est fixé à 60 ans. L’âge minimum requis, quant à lui, pour faire son entrée dans le monde du travail est 15 ans. Dans les cas exceptionnels, les travailleurs mineurs peuvent être recrutés sur présentation d’autorisations établies par des tuteurs légaux. Attention : les femmes ne peuvent être employées dans l’exploitation des mines.

Le coût du travail

Le salaire minimum garanti est fixé à 14 USD par mois. Il comprend le salaire de base et les indemnités et primes de toute nature, à l’exclusion des indemnités versées au titre de remboursement de frais engagés par le travailleur. Les autres formes de rémunérations pratiquées sont :

  • +15% pour le travail de nuit ;
  • entre +18% et 24% pour les congés annuels payés en fonction de l’ancienneté ;
  • +100% pour le travail le jour de repos hebdomadaire.

Des contrats de travail

Le code de travail sierra-léonais reconnait deux types de contrats à savoir :

  • Les contrats à durée déterminée (CDD) qui sont prohibés dans le cadre des tâches permanentes, qui ne peuvent s’étendre au-delà de 12 mois maximum et qui peuvent être renouvelés autant de fois que nécessaire.
  • Les contrats à durée indéterminée pour les tâches permanentes

Les partenariats sociaux

En Sierra Léone, le régime de sécurité sociale est géré par la National Social Security and Insurance Trust. La structure a été créée pour fournir des prestations de retraite et pour répondre aux besoins d’urgence des travailleurs et de leurs ayants droits.

Le pays permet à tous les travailleurs de former des syndicats avec des exceptions limitées pour les membres des forces de sécurité, y compris les policiers et les gendarmes, douaniers, et les juges. Il existe 27 grands syndicats dans le pays, tous réunis sous la coupole du très puissant Sierra Leone Labour Congress (SLLC) crée en1976.

La lutte contre le chômage à tous les prix ?

La Sierra Léone se caractérise par un clivage entre zones rurales et urbaines. La population urbaine bénéficie de la majeure partie des services, des biens et des revenus du travail. En 2010, la population était à 62% rurale et à 38% urbaine. Environ 40% des citadins vivent dans la capitale Freetown. L’inclusion spatiale ne relève pas d’une stratégie nationale spécifique, mais ses composantes principales sont énoncées dans le plan à moyen terme du pays, l’Agenda for Prosperity (A4P, 2013-2018).

En effet à travers ce plan quinquennal, la Sierra Léone entend devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2018 ; et entrainer par là une résorption conséquente de la pauvreté et du chômage, et une création substantielle d’emplois décents. Les autorités de Freetown espèrent que le lien entre la réduction de la pauvreté, l’emploi et la croissance économique, processus dans lequel la croissance va induire une augmentation des emplois productifs et rémunérateurs, conduira à une augmentation des revenus des pauvres et une réduction de la pauvreté. Cette stratégie à moyen-terme passe par l’amélioration de la productivité du travail informel qui est le premier secteur fournisseur d’emplois du pays, par la formation et l’éducation, par le développement de la petite entreprise et surtout par l’accès au crédit.

Franck FOUTE (Avec Knowdys Database, OIT, The laws of Sierra Leone)