Le Cameroun vu par Knowdys et la Banque mondiale

(Africa Diligence) A l’occasion de la 42ème édition de la fête nationale du Cameroun, le 20 mai 2014, voici un condensé exclusif des « points de convergence » entre la Banque mondiale et Knowdys. Au-delà des « divergences habituelles » entre analystes, comment les experts des deux entités voient-ils le Cameroun qui « déclare la guerre à Boko Haram »?

Un pays riche par ses ressources et sa diversité

A la fin du 4ème trimestre 2013, le Cameroun était composé de près de 21.7 millions d’habitants. Situé au fond du golfe de Guinée, le pays est constitué de 260 groupes ethniques répartis sur 475.000 km carrés, soit cinq zones géographiques et culturelles. Ses populations entretiennent des liens étroits avec les pays voisins depuis plusieurs décennies. Le Nord du Cameroun est majoritairement musulman, alors que le sud est essentiellement chrétien. Les provinces limitrophes avec le Nigeria (Nord-Ouest et Sud-Ouest) sont anglophones et le reste du pays est francophone. Le Cameroun partage ses frontières avec le Gabon, la Guinée équatoriale, le Nigeria, la République centrafricaine et le Tchad. Le pays est riche en ressources naturelles agricoles et minières. Son économie a une forte exposition à la volatilité des cours des matières premières, en particulier le pétrole qui constitue 50% des exportations et 29% des recettes budgétaires du pays. 7 Camerounais sur 10 vivent de l’agriculture et de l’élevage.

Des disparités très marquées en interne

En interne, la répartition de la pauvreté et son ampleur, par exemple, varient d’une région à l’autre de façon très marquée. Evaluée en fonction du nombre de personnes concernées et du degré de dénuement, la pauvreté se concentre principalement dans quatre provinces : l’Adamaoua, l’Est, l’Extrême-Nord et le Nord. Ce carré enregistre la pauvreté chronique la plus importante du pays. Les taux de pauvreté s’y sont aggravés durant la période 2001-2007, atteignant les 4,5% dans l’Adamaoua, 6,4% dans l’Est du pays, 9,6 dans l’extrême-Nord et 13,6 % dans le Nord. Sur la même période, la pauvreté urbaine a reculé de 5,7 % et progressé de 2,9 % dans les zones rurales. Malgré les bons résultats enregistrés sur les terrains de l’éducation et de l’accès à l’eau, tout porte à croire que le Cameroun n’atteindra pas les objectifs du Millénaire pour le développement en 2015.

Une stratégie sous-régionale de biche pour un lion

Le Cameroun est membre de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) dont il représente 40% de la population et 35% du PIB. Hormis dans le cadre du conflit territorial sur la presqu’île de Bakassi, le « leadership naturel » du Cameroun dans la sous-région n’a pas été suffisamment fructifié au cours des années. Conséquences : le pays voit son influence s’éroder au sein des institutions régionales telles que la BEAC et dans la résolution des conflits au profit de pays plus audacieux comme la Guinée équatoriale et le Tchad. Si elle est suivie d’effet, la stratégie définie en matière de développement (notamment la Vision 2035) pourrait faire passer le pays d’une attitude de biche (de facto) à un positionnement de lion (plus revendiqué que manifeste). L’ambition affichée de cette stratégie est clairement de faire du Cameroun un pays émergent, ayant un leadership sous-régional plus marqué, en 2035.

Une gouvernance gangrenée par la corruption

Malgré les efforts des autorités, la gouvernance du pays reste un chantier absolument colossal. Handicapant pour le développement du pays, la corruption ne semble pourtant pas décourager les investisseurs internationaux en provenance des pays émergents (Chine, Inde, Turquie, etc.) qui trouvent ici un peuple accueillant, une main d’œuvre bien formée et pas chère. Doté d’un score de 25/100, le Cameroun occupe la 144e place sur 177 pays dans l’indice de perception de la corruption 2013 de Transparency International, ex æquo avec ses deux voisins centrafricain et nigérian. Dans la livraison 2014 du rapport Doing Business de la Banque mondiale, le Cameroun occupe le 168e rang, en net recul par rapport à 2013 où le pays émargeait à la 162e place sur 189.

Un président de la République en chef de guerre

Connu pour sa remarquable stabilité dans une Afrique centrale turbulente, le Cameroun célèbre sa 42ème fête nationale avec un chef de guerre à la tête de l’Etat. « Nous sommes ici pour déclarer la guerre au Boko Haram », a annoncé Paul Biya le 17 mai 2014 à Paris. Les coups répétés de l’organisation islamiste auront donc finalement eu raison du flegme légendaire du chef de l’Etat camerounais. Au premier trimestre 2014, près de 5 000 personnes ont été recrutés au sein des forces armées nationales et les dépenses visant à moderniser les équipements militaires se sont accrues pour faire face aux menaces extérieures. Regardé comme la principale incertitude aux yeux des investisseurs internationaux à cause de son âge (82 ans) et des batailles internes (pour sa succession), Paul Biya avait-il besoin de déclarer la guerre (au sens du droit international) ou a-t-il été forcé ? L’impact de cette déclaration sur la vie des entreprises et les investissements directs étrangers au Cameroun est désormais scruté par les Conseils en intelligence stratégique de Knowdys Consulting Group.

La Rédaction (avec Knowdys Database et la Banque mondiale)