Burundi : l’industrialisation devient la pierre d’angle

[Africa Diligence] Depuis l’indépendance du pays, l’activité économique burundaise est dominée par le secteur agricole. En 2013, le pays a enregistré une croissance positive grâce à la progression de l’activité dans les secteurs secondaire et tertiaire. Pour les analystes de Knowdys, l’industrie qu’on avait oubliée… est devenue la pierre d’angle économique du Burundi.

La croissance estimée à 4,6% en 2013, en hausse par rapport à 2012 (4,2%), a été tirée par les secteurs secondaire (16% du PIB) et tertiaire (45% du PIB) qui ont respectivement progressé de 9,5% et de 4,1%, contre 8,0% et 3,0% en 2012. En revanche, le taux de croissance du secteur primaire (39% du PIB) a régressé de 5,2 à 3,9%.

Le secteur primaire est fortement tributaire de l’agriculture, en particulier des deux principales cultures de rente que sont le café et le thé. Le récent recul de 2% entre 2012 et 2013 du secteur primaire est dû principalement aux conditions pluviométriques qui ont affecté la production de café.

Le café représente plus de 70% des exportations du pays. La production estimée de café vert de la campagne 2013/2014 est en recul de 42,5% sur la précédente, passant de 23 775 à 13 677 tonnes. Des initiatives visant l’amélioration de la valeur ajoutée ont été entreprises et concernent essentiellement le renouvellement des caféiers de haute qualité, la fertilisation du sol, l’amélioration des conditions d’hygiène dans les stations de lavage et de décorticage.

Le thé constitue la seconde culture d’exportation après le café. Le secteur a été longtemps dominé par une seule entreprise publique, l’Office du thé du Burundi (OTB). Avec la libéralisation récente du secteur, une nouvelle entreprise (Prothem) vient d’accéder au marché. La production estimée du thé sec a progressé de 1,4%, passant de 9 040 à 9 164 tonnes. Le thé exporté transite par le port de Mombasa et demeure à l’état brut avec une faible valeur ajoutée. Avec la libéralisation, des efforts sont en cours pour moderniser les équipements en vue d’en améliorer la qualité des produits exportés.

Au plan industriel, l’indice moyen pondéré de la production s’est accru de 4,3% grâce principalement à l’agro-alimentaire (+ 3,8%), à la chimie (+ 9,3%) et aux matériaux de construction (+ 47,7%). Lentement mais sûrement, l’industrialisation apparaît aux yeux de Bujumbura comme la pierre d’angle de construction économique du Burundi.

Le pays dispose d’un potentiel minier intéressant qui est principalement constitué de minéralisations de nickel, de vanadium, de phosphate, de tourbe, de calcaire, etc. Le Burundi est classé au 2nd rang mondial pour les réserves de nickel et au 6e pour le coltan. Selon les données officielles du Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLPII), le secteur extractif représente encore moins de 1% du PIB et 3% des recettes d’exportation. Les activités restent limitées à des exploitations artisanales dans le secteur informel. Un code minier inspiré des standards internationaux a été adopté récemment, et plusieurs textes d’application sont en cours d’élaboration pour améliorer le cadre légal et tirer profit de ce potentiel minier.

Parallèlement, dans le secteur de l’énergie, les autorités se sont attaquées au déficit énergétique estimé à 20 MGW durant la période 2014-2015. Afin de répondre aux besoins énergétiques croissants du Pays, Bujumbura a initié en décembre 2013, une stratégie portant sur le développement des énergies nouvelles et renouvelables (solaire, éolienne, biogaz, géothermique et tourbe) à l’horizon 2030. Le pays entend ainsi atteindre une puissance de production de 370 MW à l’horizon 2017. La construction de plusieurs barrages et le déblocage de fonds pour les travaux d’aménagements afférents (voies d’accès, ligne de transports d’électricité…) sont en cours avec l’aide des partenaires au développement.

Parmi les projets importants, figurent la construction de deux barrages sur les rivières Jiji et Murembwe, la centrale hydroélectrique qui sera érigée sur la rivière Ruzibazi, ainsi que les centrales de MPanda, de Kabu 16 (implantée sur la Kaburantwa) et de Kagu 006 (sur la Kagunuzi). À cela s’ajoute d’autres projets comme la centrale solaire pilote et la centrale hydroélectrique de Ruzizi III, que se partageront le Burundi, la RDC et le Rwanda.

Le secteur manufacturier se résume aux industries agroalimentaire et textile. Le pays présente un potentiel agroalimentaire important avec les fruits, les légumes et le lait. Quelques unités de petite taille pour la transformation des fruits et légumes commencent à obtenir des résultats. Le Burundi pourrait exporter davantage de jus de bananes, d’ananas, de fruits de la passion et des tomates dans la sous-région et même dans le monde. Le pays bénéficie d’une production importante de lait mais est handicapé par de faibles capacités technologiques de transformation.

Préconisation : Le Burundi devrait accentuer ses efforts en matière de renforcement des institutions et infrastructures économiques, en particulier dans l’énergie, les activités minières et l’agriculture, avec une participation croissante du secteur privé. Ces mesures permettront d’accroître la stabilité et d’accélérer l’industrialisation, la diversification de l’économie et la compétitivité du pays.

(Knowdys Database avec BM, PNUD et PAE)