Business: Chinois et Français peuvent s’associer en Afrique

[Africa Diligence] Le 20 décembre 2012, M. Guy Gweth a donné une conférence à l’INSEEC Paris, en compagnie de M. Hu ZiHeng et M. Thierry Barbaut sur les investissements chinois en Afrique. Pour M. Gweth, la sortie du ministre français de l’économie et des finances, M. Pierre Moscovici, le 1er décembre 2012 à Abidjan, sur la compétition entre entreprises chinoises et françaises en Afrique, est « une fausse réponse à un vrai problème ».

Le forum « Chinois en France » sur LinkedIn, en partenariat avec le forum « Chine » sur Viadeo, a organisé une soirée sur les investissements chinois en Afrique le 20/12/2012 à l’INSEEC Paris. Intervenants : Hu ZiHeng (China Geo-Engineering Corporation), Guy Gweth (Knowdys) et Thierry Barbaut (info-afrique.com).

Pour expliquer les rapports très étroits qu’entretient la Chine avec des pays africains comme l’Angola, Monsieur Gweth a rappelé que les relations entre la Chine et l’Afrique remontent à la lutte pour la libération : « dans les années 1950, le premier ministre chinois Zhou Enlai avait profité de la conférence de Bandung pour rencontrer les dirigeants égyptiens, ghanéens, libyens, éthiopiens, libériens et soudanais. La Chine qui a été présente auprès de l’Angola dans le cadre des luttes pour l’indépendance participe depuis 2002 au décollage économique de ce pays, dans une espèce de programme pétrole contre infrastructures. Et ça marche.»

Afrique : plus d’expertise en matière de négociations

Pour Monsieur Gweth, un point a principalement retenu l’attention des analystes de Knowdys lors du discours de Monsieur Hu Jintao prononcé à l’ouverture des travaux du 18ème congrès du parti communiste chinois en novembre 2012. C’est le nouveau modèle de croissance chinois qui doit faire doubler le PIB en 2020. Pour l’expert en intelligence économique, cela ouvre deux grandes possibilités pour l’Afrique: (i) Possibilité d’aller à la conquête d’un 1.300.000 de consommateurs chinois. (ii) Possibilité pour l’Afrique d’attirer les usines chinoises qui visent une compétitivité par les coûts (matières premières à prix bas + main d’œuvre bon marché).

A la question de savoir pourquoi les entreprises locales ne profitent pas assez des contrats signés par les grands groupes chinois, Monsieur Gweth a pointé du doigt la faible capacité de négociation des Etats africains, point de vue qui n’a pas satisfait un participant africain pour qui « l’Afrique a des hommes compétents, il faut juste qu’ils soient au bon endroit au bon moment… »

Chine : plus de responsabilité sociale et sociétale

Monsieur Gweth a affirmé qu’au cours des 10 dernières années, les entreprises chinoises n’ont pas été performantes dans le respect de l’environnement, le recrutement de travailleurs africains ou les normes de saine concurrence. « Ils ont littéralement massacré le textile africain… Aujourd’hui, les choses bougent peu à peu», reconnait l’expert qui a pris l’exemple de la zone industrielle de Dukem, à 30 km au sud d’Addis Abeba, dont les travaux de construction d’un montant de 250 millions USD sont entièrement financés par la Chine. Commencés en 2009, les travaux vont s’achever en 2014. Ils regrouperont environ 80 usines qui pourront employer jusqu’à 20.000 personnes.

D’autres pays veulent profiter de la dynamique de responsabilité sociale et sociétale qui anime les grandes entreprises chinoises. Monsieur Gweth s’appuie notamment sur les missions gabonaises ayant sollicité le cabinet Knowdys dans le but de s’inspirer les bonnes pratiques des zones franches de Maurice pour attirer plus d’usines au Gabon. « Dans le cas de l’Ethiopie, argumente Monsieur Gweth, il faut savoir qu’Addis Abeba a mis en place un plan de croissance visant à attirer les investisseurs étrangers. » Afin de devenir un pays à revenu intermédiaire en 2025, les autorités offrent quatre années d’exonérations fiscales, l’électricité gratuite et des terres arables à prix cassés aux occupants de la zone industrielle.

France : moins de cocorico et plus de réalisme

Pour Monsieur Gweth, la sortie du ministre français de l’économie et des finances le 1er décembre 2012 est purement politique. «Sur le terrain, précise-t-il, les entreprises françaises en mal de capitaux cherchent à s’associer aux Chinois pour être éligibles aux financements d’Eximbank. Même avec une banque publique d’investissements à 42 milliards d’euros de budget, les entreprises françaises ne pourront pas suivre […] La bonne nouvelle est que les entreprises chinoises cherchent également à bénéficier de l’expertise française dans le domaine de la qualité.» Monsieur Gweth soutient qu’avec moins de cocorico et plus de réalisme, les entreprises françaises peuvent nouer des partenariats globaux bénéfiques pour tous.

Entreprises françaises et chinoises peuvent s’associer

Monsieur Gweth a pris l’exemple de Maurice où le projet d’agrandissement de l’aéroport (pour un montant de 500.000.00 USD cofinancés par Eximbank) a été attribué à un consortium dirigé par Beijing Construction Engineering. Dans ce projet, dit l’expert, « l’étude de faisabilité et les plans ont été réalisés par Aéroports de Paris… La même situation risque de se produire dans la construction de six centrales nucléaires en Afrique du Sud. Dans ce cas précis, Pretoria a été très clair avec le français EDF : si vous voulez gagner, associez-vous aux Chinois ! »

Meng WEI