Business : la carte 2013 des risques à l’exportation

(Africa Diligence) La mort d’Hugo Chavez, la guerre au Mali et la crise chypriote sont autant d’événements qui peuvent contrarier les projets d’exportation des chefs d’entreprises. En publiant, il y a peu, la carte 2013 des risques à l’exportation , l’américain Aon – n°1 mondial du courtage d’assurance – a dévoilé les grandes tendances enregistrées dans le monde au cours des derniers mois.

Réalisée en partenariat avec l’économiste Nouriel Roubini, elle mesure le climat des affaires dans 163 pays émergents, à l’aune de 9 critères (lire ci-contre). Aon n’est évidemment pas le seul à publier ce type de cartes : de nombreux assureurs et organismes publics (Coface, Euler-Hermès, etc.) y travaillent eux aussi. Son avantage est qu’en tant qu’intermédiaire, il réunit le point de vue d’une grosse vingtaine d’assureurs, et non d’un seul.

Les changements sont très positifs dans deux zones du monde : l’Europe de l’Est et les pays du Golfe. Malgré un niveau de corruption encore important, la Macédoine et l’Albanie figurent parmi les pays ayant le plus progressé ces dernières années. « Les politiques de change et la dette souveraine présentent beaucoup moins de risques, tout comme la violence politique et la criminalité », indique le courtier dans une étude à paraître aujourd’hui. Paradoxalement, ces pays offrent des perspectives d’investissement parfois plus intéressantes que ceux proches de l’Union européenne, telles la Hongrie et la Roumanie, sous tutelle du FMI.

Les pays du Golfe constituent la deuxième bonne surprise de ce millésime. Oman, Bahreïn et les Emirats arabes unis figurent parmi la douzaine de pays qui améliorent leur note cette année. Malgré leur proximité avec certains foyers de tension – le Yémen notamment -, ils deviennent un « hub d’échange international », explique Arnaud de Froideval, directeur du département des risques politiques chez Aon. Un petit miracle, lorsque l’on observe la situation des autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique. C’est incontestablement la zone qui régresse le plus cette année : parmi la douzaine de pays qui se font rétrograder, la moitié se trouvent en Afrique (Cameroun, Tchad, Ethiopie, Madagascar, Mali, Namibie). Les révolutions arabes n’ont pas encore permis d’améliorer le climat des affaires en Egypte, en Tunisie et en Lybie. « La transition politique prend beaucoup plus de temps que nous le pensions », explique Arnaud de Froideval. La guerre en Syrie a par ailleurs accru les sources de tension en Jordanie, en Turquie et au Liban, notent les auteurs de l’étude.

Un visage très contrasté

L’Amérique du Sud présente un visage très contrasté. L’Argentine, qui a remis en place un contrôle des changes en 2011, offre un climat peu favorable aux exportations. Les fonds vautours – notamment américains – qui tentent de récupérer leur mise, dix ans après la restructuration de la dette argentine, contribuent à accroître la méfiance du pays à l’égard des acteurs étrangers. Comme en Bolivie, « les politiques publiques sont moins propices aux affaires, l’ingérence politique augmente (…) et les expropriations d’entreprises étrangères se poursuivent ». Le Chili, la Colombie et le Pérou font le chemin inverse : portés par l’envolée du prix des matières premières, ils ouvrent leur économie, dopent la demande intérieure et améliorent leurs institutions.

A quelques exceptions (Corée du Nord, Birmanie, etc.), l’Asie reste la zone la plus sûre pour investir. Le courtier d’assurances adresse un satisfecit tout particulier à l’Indonésie et aux Philippines, qui ont beaucoup amélioré le fonctionnement de leurs institutions et profitent d’un renforcement des échanges commerciaux en Asie du Sud-Est. L’exposition des banques chinoises à la mauvaise dette – produits titrisés, etc. – reste une menace pour les exportateurs français. Mais dans l’ensemble, l’Asie reste pour eux un excellent terrain de jeu.

Neuf risques passés à la loupe

Le courtier d’assurance Aon passe au crible 163 pays – hors Union européenne et hors OCDE – à l’aune de neuf critères.
Les opérations de change.
Le risque de défaut de la dette souveraine.
L’ingérence politique.
Les ruptures dans la chaîne de distribution.
Les risques légaux et réglementaires.
La violence politique.
La vulnérabilité du secteur bancaire.
Le climat des affaires.
Le risque de crise budgétaire.
Les pays sont classés selon six niveaux de risque, allant de « très bas » à « très haut ». Pour alimenter cette étude, Aon prend en compte le retour d’expérience de 26 assureurs dans le monde.

(Avec Lucie ROBEQUAIN)