Cameroun-RCA : 5,7 millions/heure perdus en 60 jours

(Africa Diligence) Insécurité oblige, les échanges commerciaux entre le Cameroun et la République centrafricaine (RCA) ont subi plus de 8 milliards FCFA de pertes au cours des deux derniers mois, d’après les analystes. Un boulevard pour le marché noir?

Selon le coordonnateur du Bureau de gestion du fret terrestre (BGFT) du Cameroun, El Hadj Oumarou, ces pertes sont dues à l’immobilisation à la frontière entre les deux pays de plus de 450 camions en provenance du Port de Douala, métropole économique du Cameroun, et en partance pour Bangui, capitale de la RCA.

Les opérateurs économiques des deux pays voisins, qui payent le plus lourd tribut de la crise centrafricaine, décrient également les exactions que subissent les chauffeurs et leurs collaborateurs à cause de l’insécurité qui règne en République centrafricaine, notamment, dans le corridor qui mène jusqu’à Bangui. ‘Nous sommes ici depuis plus de deux mois, car les informations qui proviennent de la Centrafrique ne sont pas rassurantes. Malgré le retour du pouvoir aux civils, les actes de tuerie, violence et de pillage n’ayant pas cessé, nous sommes obligés de ne plus continuer’, se plaignent certains camionneurs.

Le syndicat des transporteurs par camions qui se plaint ‘d’énormes manques à gagner’ plaide pour un retour rapide de la sécurité en Centrafrique, d’autant plus que certains produits, notamment des produits agro-alimentaires tels le poisson, la viande, les oignons, les fruits, transportés depuis plus de deux mois, du fait de cette immobilisation des camions, deviennent avariés.

La République centrafricaine, qui n’a pas de façade maritime, utilise en grande partie le Port de Douala pour l’exportation et l’importation de ses marchandises généralement acheminées sur le corridor Douala-Bangui, long d’environ 1 500 km.

Au regard de cette situation, le coordonnateur du Bureau de gestion du fret terrestre, El Hadj Oumarou, affirme qu’aucun transporteur ne veut et ne peut plus prendre le risque d’entrer en RCA. Il estime un manque à gagner de plusieurs dizaines de millions FCFA par jour depuis bientôt un an. Dans cette situation, il n’y a pas que les transporteurs qui subissent des pertes.

Le Port de Douala voit une partie de ses activités réduites, tout comme les autres acteurs du port à l’instar des transitaires et des déclarants en douanes qui enregistrent une baisse de commandes, ainsi que les commerçants camerounais qui approvisionnent le marché centrafricain en produits de première nécessité.

Le Bureau de gestion du fret terrestre redoute que cette baisse de rentabilité n’affecte la solvabilité des opérateurs du transport auprès de leurs banques.

(Avec Pana)