Ces églises d’Afrique qui surfent sur le mobile

[Africa Diligence] Depuis que Jésus a dit aux Chrétiens « je reviens bientôt », plus de 2000 ans se sont écoulés. Pour garder le lien, certaines églises éveillées d’Afrique ont acquis des applications mobiles qui diffusent des versets bibliques, envoient des alertes et collectent la dîme. Le Seigneur qu’on attendait sur les nuées du ciel est peut-être dans nos portables.

Si l’on s’en tient aux statistiques connues de Knowdys Database, l’Afrique subsaharienne compte plus de 25% des chrétiens actifs dans le monde. En 100 ans, la population chrétienne au sud du Sahara a été multipliée par 57, passant de 9 millions en 1910 à 516 millions en 2010.

D’un autre côté, si l’on en croit les chiffres de la GSMA (qui représente 850 opérateurs de téléphonie mobile de 218 pays), 50% des Sub-Sahariens seront utilisateurs de téléphones mobiles en 2020 ; et la moitié de leurs appareils seront des smartphones. Ce tableau fait du téléphone mobile un enjeu stratégique pour les églises d’Afrique.

Certains développeurs africains, particulièrement attentifs à ce phénomène, ont lancé des applications dédiées aux églises du continent au cours des trois dernières années. Il s’agit notamment des Nigérians de ChurchPlus et de Phoster Solutions ou du Kényan @iLabAfrica.

Des applications qui améliorent la relation client avec les membres de l’église

Phoster Solutions a récemment lancé une application mobile gratuite qui permet aux responsables des églises d’envoyer des messages personnalisés, des sermons, des prières quotidiennes et même des vœux de joyeux anniversaire par sms, par e-mail ou via les réseaux sociaux. D’après ses concepteurs, cette application a été créée pour deux principales raisons : i) renforcer les liens entre les membres de l’église et ii) rapprocher ces derniers de leur pasteur.

ChurchPlus, quant à lui, est plus axé sur la collecte et la gestion des données des fidèles. Les applications sont conçues pour permettre aux pasteurs et aux administrateurs ecclésiastiques d’assurer le suivi de leurs opérations de collecte de fonds, de mesurer leurs performances grâce à des indicateurs clés, et d’améliorer la relation client avec les membres de l’église.

Lancé en partenariat avec Samsung Electronics en février dernier, le projet kényan @LabAfrica, pour sa part, permet aux fidèles de télécharger des sermons, de se tenir au courant des nouvelles de l’église et d’avoir le retour de leur contribution au sein de la communauté.

Au Zimbabwe, les fidèles règlent leurs dîmes à partir de la plateforme EcoCash

Pour Guy Gweth, consultant en intelligence économique et due diligence chez Knowdys, « les concepteurs de ces projets ont réussi à faire prendre un virage inévitable aux églises à l’heure où de nombreux chrétiens manipulent leur téléphone mobile durant les homélies… Mais ils échouent encore à délivrer la transparence financière tant souhaitée par les fidèles dans la gestion des deniers du culte. L’exemple de United Family au Zimbabwe où les fidèles règlent déjà leurs dîmes à partir de la plateforme EcoCash d’Econet Wireless relève encore de l’exception, mais les perspectives sont prometteuses.»

« Même si quelques généreux donateurs s’en inquiètent, la pénétration de ces applis dans les églises ne soulève pas encore des questions de sécurité et de confidentialité des données parce qu’on est sur le terrain de la foi… Mais ça ne devrait plus tarder car les hackers de l’enfer suivent les évolutions technologiques du ciel de très près…», prédit un autre analyste sous anonymat.

Faire venir plus de monde et faire rentrer davantage d’argent dans l’église

Si les applis de Dieu créent de l’émulation dans les laboratoires des développeurs africains, la niche connait une évolution moins rapide que le reste du marché. La cause : certains pasteurs sont réfractaires aux technologies. Mais la bonne nouvelle, c’est que la grande majorité du clergé reste sensible aux solutions simples qui permettent de faire venir plus de monde et de faire rentrer davantage d’argent dans l’église « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

La Rédaction (avec ThisisAfrica et Knowdys Database)