Xi Jinping a-t-il autre chose à dire aux Africains?

(Africa Diligence)  Lors de la première étape de sa visite sur le continent africain, le nouveau chef de l’Etat chinois s’est attaché à dissiper l’image d’une Chine seulement intéressée par l’exploitation des ressources naturelles africaines pour soutenir son développement industriel.  Peut-il convaincre?

La Chine souhaite sincèrement aider au développement de l’Afrique en se fondant sur des partenariats équilibrés, a affirmé le président Xi Jinping, qui a entamé lundi une tournée sur le continent africain.

Lors de la première étape de sa visite, à Dar Es Salaam en Tanzanie, le nouveau chef de l’Etat chinois s’est attaché à dissiper l’image d’une Chine seulement intéressée par l’exploitation des ressources naturelles africaines pour soutenir son développement industriel.

« La Chine souhaite sincèrement voir un développement plus rapide des pays africains et un meilleur niveau de vie pour le peuple africain », a déclaré Xi lors d’un discours prononcé au centre de conférence de Dar Es Salam, construit avec des fonds chinois.

« La Chine va continuer à offrir, comme elle l’a toujours fait, l’assistance nécessaire à l’Afrique sans contrepartie politique », a-t-il dit. « Nous avons les mêmes intérêts et nous nous comportons comme des égaux », a-t-il ajouté.

Pékin a renouvelé une offre de prêt de 20 milliards de dollars pour la période 2013-2015, un soutien financier de nature, pour Xi, à « aider les pays africains à faire de leurs ressources une force de développement » afin que celui-ci devienne « indépendant et viable ».

Certains Africains considèrent la Chine comme un contrepoids salutaire à l’influence européenne mais des politiques et des économistes s’inquiètent des déséquilibres commerciaux existants avec la deuxième économie mondiale.

L’implantation d’entreprises chinoises sur le sol africain a suscité des manifestations violentes de la part d’une population locale écartée des créations d’emplois souvent réservés à des immigrants venus de Chine.

Le gouverneur de la banque centrale du Nigeria, Lamido Sanusi, affirmait récemment dans le Financial Times que le déséquilibre commercial entre la Chine et l’Afrique relevait de « l’essence du colonialisme » et il mettait en garde contre une nouvelle forme d’impérialisme.

Pour Lu Shaye, chef du département des affaires africaines au ministère chinois des Affaires étrangères, c’est l’Occident et non son pays qui est intéressé par l’exploitation des ressources africaines.

« Qu’ont fait les pays occidentaux pour l’Afrique en cinquante ans depuis l’indépendance ? » s’est-il interrogé dans un entretien à une chaîne de télévision de Hong Kong. « Rien. Tout ce qu’ils ont fait a été de critiquer la Chine et cela est injuste ».

TRANSFERT DE TECHNOLOGIE

Tentant d’apaiser un sentiment d’exclusion croissant, Xi Jinping a indiqué sur son pays allait former 30.000 employés africains et offrir des bourses à 18.000 étudiants afin « d’accroître le transfert de technologie et l’expérience » professionnelle.

« Les relations sino-tanzaniennes ont connu beaucoup d’épreuves », a commenté le président Jakaya Kikwete. « Nous sommes maintenant des amis indéfectibles », a-t-il ajouté.

Les liens de coopération entre la Tanzanie et la Chine remontent à l’époque de l’indépendance obtenue aux dépens de la Grande-Bretagne en 1964. Les Chinois avaient notamment construit le système ferroviaire du pays et celui de la Zambie voisine dans les années 60 et 70.

Xi Jinping et Jakaya Kikwete ont signé une série d’accords prévoyant deux projets de construction conjointe d’un nouveau port et d’une zone industrielle, un prêt sur les infrastructures de communication et un prêt à taux zéro pour le gouvernement.

Aucun montant n’a été précisé.

Le dirigeant chinois poursuit son périple avec un sommet de deux jours, mardi et mercredi, des pays Brics en Afrique du Sud où devraient être approuvées les créations d’un fonds commun de réserve de devises et d’une banque finançant des infrastructures.

Ces initiatives visent à répondre aux critiques des pays émergents contraints de s’en remettre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international qu’ils jugent trop liés aux intérêts américains et occidentaux.

Xi achèvera sa tournée au Congo-Brazzaville, pays auquel la Chine a acheté 5,4 milliards de tonnes de pétrole l’an passé, soit deux pour cent de ses importations de brut, un chiffre qui pourrait être revu à la hausse.

Pierre SERISIER et Eric FAYE