Congo : Sassou aura-t-il assez de pétrole pour brûler les étapes ?

[Africa Diligence] La croissance du Congo a doublé entre 2013 et 2014, dopée par la hausse de la production pétrolière et le programme d’investissements publics. Alors que les prévisions de croissance pour 2015-2016 sont démenties par les cours du pétrole, Dénis Sassou Nguesso entend se maintenir à la faveur de la nouvelle constitution. Mais derrière Denis, se cache Denis-Christel alias « Kiki le pétrolier », nouvelle cible des investisseurs.

A la fin 2014, la communauté des analystes envisageait une croissance congolaise comprise entre 6,5% en 2015 et 7,5 en moyenne en 2016. C’était sans compter avec la plongée des cours du pétrole. L’année dernière, en effet, la croissance du Congo-Brazzaville a franchi la barre des 6%, contre 3,3%, l’année précédente, tirée par l’envolée de la production de pétrole, la bonne santé du secteur agricole, la belle tenue du secteur des services et la jolie percée du BTP.

Malgré les efforts des autorités, la croissance reste trop centrée et pas assez inclusive aux yeux des analystes de Knowdys Consulting Group (KCG). « Il est impératif, explique-t-on chez le leader du conseil en intelligence économique en Afrique, que le développement du pays soit géographiquement plus équilibré et que l’économie soit plus diversifiée. » La production pétrolière qui pesait encore plus 60% du PIB au premier semestre 2015 impacte jusqu’à la production minière dont les perspectives seraient plus que prometteuses en temps normal.

« Dans ce contexte, il serait hasardeux de changer de président au Congo, d’autant que nous manquons de lisibilité sur la suite », lâche un investisseur du secteur pétrolier sous anonymat. Comme plusieurs autres, cet opérateur international estime que Denis Sassou-Nguesso reste le seul à pouvoir garantir la sécurité et la stabilité indispensables aux affaires dans le pays. D’où la caution apportée, jusqu’à l’Élysée, au changement de constitution demandé par Brazzaville.

Il n’en demeure pas moins que les lourdeurs administratives, la corruption et le détournement des deniers publics continuent de ternir l’image du pays à l’international. « Une telle réputation, soutient-on chez KCG, a tendance à plomber le climat des affaires, attirant principalement des opérateurs économiques véreux. Ces derniers sont les plus nombreux à commander le profiling du proche entourage du président de la République pour anticiper l’après Sassou I »

Principale cible des profilers : le fils du président, Denis-Christel Sassou Nguesso, alias « Kiki le pétrolier », PDG de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et administrateur général de la Congolaise de raffinage (CORAF). A 40 ans, ce golden boy, ancien de l’école militaire préparatoire de Brazzaville et titulaire d’une maîtrise de droit privé est désormais regardé comme « le très possible successeur de papa » par la communauté des investisseurs internationaux. Le problème, c’est que ses adversaires n’ont pas encore dit leur dernier mot.

La Rédaction