Guerre économique : Gazprom menace les positions occidentales au Nigeria

Gazprom est en phase d’approche au Nigeria. Certains médias européens soupçonnent un « complot » pour le contrôle des sources d’approvisionnements en gaz. Abuja a un autre point de vue…

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Depuis un mois, des discussions sont en cours entre Gazprom et le gouvernement du Nigeria pour l’acquisition de blocs d’exploration et pour la réalisation d’investissements dans le GNL. Gazprom serait prêt à mettre entre 1 et 2,5 milliards de dollars dans le gaz naturel. Les discussions ne sont qu’à un stade préliminaire, elles n’en provoquent pas moins un flot de commentaires inquiets des approches de Gazprom en direction du Nigeria, où se trouvent les plus grandes réserves de gaz prouvées d’Afrique : 5210 milliards de m3 pour une production annuelle qui ne dépasse pas encore les 28 milliards de m3.

Le gouvernement aspire à générer, à court terme, autant de revenus du gaz que du pétrole.

L’arrivée éventuelle de Gazprom dans la prospection est d’autant plus intéressante pour le Nigeria que sa proposition d’investissement est adossée d’emblée à une prise en charge du problème du torchage du gaz qui affecte considérablement la santé des populations du Delta avec, en sus, un manque à gagner estimé à 2,5 milliards de dollars par an. Gazprom, qui d’ailleurs pratique le torchage en Russie, proposerait une capture du gaz pour le brûler dans des centrales et fournir ainsi de l’électricité. Le Nigeria qui avait fait de janvier 2008 la date butoir de la fin de la pratique du torchage, a dû, sur pression des multinationales, reporter l’échéance vers la fin de l’année. Il est probable que cela sera encore différé jusqu’en 2010.

L’arrivée du géant russe dans un terrain où les Chinois ont déjà entrepris de concurrencer les multinationales occidentales n’est pas pour déplaire au Nigeria.

L’arrivée du géant russe sur un terrain où les Chinois ont déjà entrepris de concurrencer les multinationales occidentales n’est pas pour déplaire au Nigeria. Le gaz est largement sous-exploité au Nigeria alors que le gouvernement aspire à générer, à court terme, autant de revenus du gaz que du pétrole. Le mégaprojet de gazoduc, le « Trans-Saharan Gas-Pipeline » (TSGP), mené avec l’Algérie pour un montant supérieur à 10 milliards de dollars, devrait permettre en 2015 d’acheminer de 20 à 30 milliards de m3 de gaz naturel du Nigeria vers l’Europe, via le Niger et l’Algérie. Les projets encore balbutiants du géant russe au Nigeria tiennent plus de place dans la presse occidentale que le projet d’usine de liquéfaction de gaz dans l’Etat d’Akwa Ibom, sans doute parce que Gazprom n’y figure pas… L’investissement, en discussion avec un consortium regroupant Centrica (Grèce), Consolidated Contractors Co (Grande Bretagne) et Statoil (Norvège), est pourtant colossal. Il porte sur 10 milliards de dollars et permettra au Nigeria d’atteindre, entre autres, le marché nord-américain du GNL. Le « méchant loup » russe est encore loin d’avoir fait main basse sur le gaz nigérian. Sources : JFA