Guy Gweth défend le bilan de la BAD sur Africa24 TV

(Africa Diligence) Invité de la chaîne panafricaine Africa24, le 31 mai 2013, à l’occasion des 48èmes journées des Assemblées générales de la banque africaine de développement (BAD), Guy Gweth, fondateur de Knowdys LLC, Knowdys France et Knowdys Cameroun, a salué le bilan décennal de la BAD. Il a cependant critiqué la posture de la banque africaine sur la fuite des capitaux africains.

La BAD sur-communique et accroît les attentes des Africains

Aux analystes qui estiment que la BAD ne communique pas assez, Guy Gweth a apporté des chiffres qui prouvent le contraire. « Avant d’arriver dans vos studios, a dit Monsieur Gweth, j’ai adressé une requête au moteur de recherche Google en tapant ‘banque africaine de développement’ entre guillemets pour dépolluer les résultats. Savez-vous combien de pages j’ai obtenues ? 17 500 000 en 20 secondes. A titre d’analyse comparée, la même requête formulée au sujet de la ‘banque mondiale’ ramène 7 700 000 résultats en 20 secondes, soit une différence de près de 10 millions. J’en conclus que la BAD sur-communique, et que de ce fait, elle suscite des attentes bien plus grandes que celles qu’elle peut effectivement combler. »

La BAD a créé un formidable mécanisme contre les fonds vautours

Responsable de programme « Doing Business in Africa » à Centrale Paris, le fondateur du groupe Knowdys a notamment salué l’action de la BAD au profit des entreprises africaines. Au plan financier, Monsieur Gweth a relevé la création de la Facilité africaine de soutien juridique créée par la BAD pour aide les pays africains à lutter contre les fonds vautours et à négocier des contrats commerciaux complexes. « C’est grâce à ce formidable mécanisme que la RD Congo, par exemple, s’est tiré d’affaire il y a quelques semaines… », a-t-il tenu à préciser. Ajoutons qu’à la faveur de l’expansion du marché secondaire de la dette, les « fonds vautours » sont apparus avec comme business le rachat de la dette d’entités en difficulté sur le marché secondaire (où elle est échangée en dessous de sa valeur nominale) et le recouvrement du montant intégral, généralement par le biais d’actions judiciaires.

Fuite des capitaux : la BAD donne une fausse réponse à un vrai problème

Interrogé sur les actions de la banque africaine de développement face à la fuite des capitaux africains qui s’élèverait à 50 milliards de dollars par an selon la GFI, Donald Kaberuka, le président de la BAD, a répondu qu’il ne s’agissait que des résultats d’une étude. Pour Guy Gweth, conseil en intelligence économique et stratégique, il s’agit d’une fausse réponse à un vrai problème. « J’ai la plus grande estime pour Donald Kaberuka qui est docteur, donc chercheur. Mais je me serai attendu à une meilleure ligne de défense, a-t-il regretté. GFI (Global financial integrite) mène des études sérieuses depuis de nombreuses années sur la fuite des capitaux. Le président de la BAD était manifestement dans une posture diplomatique visant à ne pas froisser les Etats… » Rappelons que dans une étude publiée dans Les Afriques, n°190, 16-22/02/12, page 19 et suivant, Monsieur Gweth avait placé la fuite des capitaux parmi « les ennemis de l’intelligence économique en Afrique. »

Le retour de la BAD en Côte d’Ivoire aura des retombées économiques

Responsable de l’intelligence économique au magazine financier Les Afriques, Monsieur Gweth a salué le retour du siège de la BAD en Côte d’Ivoire. « Quoi qu’on pense des autorités d’Abidjan, force est de constater qu’il s’agit d’une belle victoire diplomatique qui marque le retour de ce pays sur la scène internationale », a-t-il souligné avant d’embrayer sur le volet micro-économique. « Le salaire d’un jeune professionnel de la BAD, âgé de 32 ans, diplômé d’un Master II, avec trois d’expérience équivaut à plus de 1000 fois le SMIC du Cameroun, 500 fois celui du Congo Brazzaville et 150 fois celui du Gabon… Tout cela  va générer de la consommation au niveau local… »

Pas de développement sans un Etat de droit avec une justice indépendante

En guise de conclusion à l’émission animée par Jean-Célestin Edjangue,  Monsieur Gweth a martelé que tant que l’Afrique n’aura pas d’Etats de droit, avec une justice indépendante, une justice qui n’est pas aux ordres, il n’y aura pas de développement. « Entre 1960 et 1989, l’Afrique a connu une période de formation. Les Etats devaient apprendre à devenir des sujets du droit international. De 1990 à 1999, c’était la reformation. Avec la chute du Mur de Berlin et le vent de l’Est, le monopartisme a dû se muer en multipartisme. Il a fallu instaurer la démocratie, le respect des droits humains et appliquer les principes de l’économie libérale. Depuis 2000, c’est la croissance. L’Afrique est prête pour la transformation structurelle que la BAD appelle de ses vœux (…). Je suis de tout cœur avec cette dynamique. Les vents n’ont jamais été aussi favorables. », a-t-il conclu.

 Awa DIALLO