Le 1er businessman de RCA tire sa révérence

Avant sa disparition le 10 janvier 2012 à l’âge de 75 ans, on disait de Joseph Isham Kamash que la Centrafrique lui appartenait. Son empire, Kamash l’a bâti seul. Arrivé à l’âge de 4 ans avec son père, un militaire syrien engagé dans les troupes françaises, il a grandi à Berberati, dans le sud-ouest du pays, avant de bâtir un véritable empire économique en République centrafricaine où il a passé toute sa vie. Son groupe est le premier employeur du pays après l’Etat.

Kamach débarque à Bangui à 18 ans comme vendeur de savon au grand marché du PK5. Puis il ouvre une boulangerie. C’est le début de la fortune. Elevage de poulet, auto-école, station essence… Il rachète alors plusieurs entreprises. Dameca tout d’abord, la grande quincaillerie de Bangui, puis la SCAD, une exploitation forestière. Il va faire de ce groupe le numéro 1 dans le bois. A Bangui, il a investi dans tous les secteurs : banque, immobilier, supermarchés.

Aujourd’hui, son groupe est le premier employeur du pays après l’Etat. Un homme exigeant, très dur en affaires mais aussi très humain, érudit et cultivé. Il a beaucoup fait pour encourager les entrepreneurs centrafricains et il était fier d’être l’un des rares à payer systématiquement ses impôts.

Il a vu passer tous les régimes politiques. On disait d’ailleurs de lui qu’il s’entendait toujours avec le président en place mais aussi avec le suivant.

Il aimait à dire qu’en dépit de sa couleur de peau, il était bien à 100% Centrafricain.

Au niveau de l’immobilier et des terrains, 80 % de Bangui lui appartient. Il a été l’un des premiers chefs d’entreprises d’Afrique centrale à mettre en place une caisse pour soigner les salariés malades du sida. Il a présidé la Croix-Rouge centrafricaine.

Isham Kamach était à la tête du groupe Kamach, leader dans l’exploitation du bois, mais aussi dans la distribution des biens d’équipements, via la société Dameca. Depuis trente ans, il était réputé pour diriger d’une main de fer son groupe implanté à Bangui. Il a toujours su tisser des relations privilégiées avec le pouvoir en place. Kamach était également PDG de la chaîne privée Kamach Télévision.

Bon à savoir sur la RCA

La reprise de l’activité économique en République centrafricaine (RCA) s’est confirmée en 2010, avec un taux de croissance du PIB réel estimé à 3.4 %. Cette évolution favorable intervient après que l’économie centrafricaine eut subi en 2009 le plein effet de la crise économique et financière mondiale déclenchée en 2008. L’année 2010 correspond aussi pour la RCA à celle de l’achèvement du document de sa première stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) 2008-2010 et de son programme économique et financier négocié avec le Fonds monétaire international (FMI), soutenu à travers la Facilité élargie au crédit (FEC) accordée en décembre 2006 par le FMI. La sixième et dernière revue de la FEC a été approuvée par le conseil d’administration du FMI le 25 août 2010, récompensant les efforts déployés en matière de réformes économiques et financières. En effet, la RCA avait atteint en juin 2009 le point d’achèvement de l’Initiative PPTE (pays pauvres très endettés) et de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM).

La RCA est un État « post-conflit » et « fragile » en raison des crises socio-politiques et militaires récurrentes qu’elle a connues ces deux dernières décennies. Ces crises ont mis à mal le tissu économique et détruit les infrastructures socio-économiques de base. Depuis 2005, la RCA s’est inscrite dans une dynamique de relance économique et de transition politique qui a abouti aux élections présidentielle et législatives du 23 janvier 2011. Le pays, doté d’abondantes ressources naturelles, a progressé dans la stabilisation économique et la mise en œuvre de réformes financières et structurelles, ainsi que dans la réhabilitation des services sociaux de base.

La consolidation de ces acquis sur le plan économique et social dépendra en grande partie de la capacité du pays à mener à bien le processus de stabilisation politique et à respecter les accords de paix, à travers notamment le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) adopté lors de la tenue en décembre 2008 des assises du « dialogue politique inclusif ». Ce DPI avait réuni la majorité présidentielle, l’opposition, les mouvements politico-militaires, la société civile et les institutions publiques. Le succès de la transition d’une période d’instabilité prolongée vers la croissance et le développement résultera également de la capacité du pays à mobiliser plus de ressources que celles qui sont actuellement engagées. Cette préoccupation a amené le gouvernement, en accord avec ses principaux partenaires au développement, à programmer une table ronde des bailleurs de fonds, prévue courant 2011.

RFI avec la Rédaction & PEA