Kinshasa impute au Rwanda la crise économique en RDC

[Africa Diligence] En visite aux Etats-Unis, le Premier ministre de la République démocratique du Congo, Augustin Matata Ponyo, a fustigé l’ingérence du Rwanda dans l’est de la RDC, lui imputant le retard économique du pays. Interrogé, fin janvier par CNN, le président Paul Kagame avait déclaré que l’instabilité de RDC était un frein pour le développement du Rwanda et et des Grands Lacs. Où est la vérité?

Dans un discours à l’institut de réflexion Wilson Center ici à Washington, Augustin Matata Ponyo a évoqué une situation « dramatique » dans l’est de la RDC, où une rébellion parrainée par Kigali « plombe les efforts de développement » de Kinshasa dans la région des Grands Lacs.

La thèse de Kinshasa

« L’utilisation des ressources, parfois à des objectifs des opérations militaires, ne nous permet pas d’avoir des progrès sur les OMD – les Objectifs du millénaire pour le développement qui, comme vous le savez, prennent en charge beaucoup d’indicateurs sociaux qui permettent de mesurer l’amélioration des conditions de vie de la population » a déclaré M. Matata Ponyo.
La guerre qui sévit à l’est du pays « est une guerre qui plombe le développement, qui plombe les efforts de la sous-région des Grands Lacs » , a-t-il ajouté.

Toujours selon le premier ministre de la RDC, l’enquête menée par les Nations Unies (ONU) sur la crise dans l’est du pays était « sérieuse », d’où l’importance que lui accorde le gouvernement de Joseph Kabila. Evoquant les viols, les massacres d’enfants ou leur recrutement forcé dans les milices, M. Matata Ponyo a également dénoncé le pillage systématique des ressources minières de son pays par des intérêts étrangers. Aujourd’hui, a-t-il fait valoir, les propres rapports économiques publiés par le Rwanda montrent que ce pays exporte davantage de coltan, de cassitérite, et autres minerais que sa production nationale.

Ces quelques indices « montrent comment est-ce qu’une rébellion, comment est-ce qu’une insécurité peuvent favoriser la croissance de certaines économies qui profitent malheureusement du soutien de la communauté internationale » a dit le Premier ministre congolais.

Rappelons que le Rwanda  a rejeté les accusations de l’ONU, qualifiant d’échec la mission de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) dans l’est de la RDC. « Ce sont des rumeurs totalement fausses et dangereuses », avait déclaré dans un communiqué la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

La thèse de Kigali

Interrogé, fin janvier 2013, par la chaîne de télévision américaine CNN, le président rwandais Paul Kagame n’a pas mâché ses mots : « nous avons un problème : la RDC ». Selon le maître de Kigali en effet, le grand voisin de son pays est problématique sur pratiquement tous les plans : politique, sécuritaire, militaire, diplomatique, économique, social. Cela sous-entend que le Rwanda souffre terriblement du manque de leadership en République Démocratique du Congo, de paix, de sécurité, de stabilité politique, de bonne gouvernance, de développement économique, etc. Le Congo est un problème non seulement pour le Rwanda, insiste-t-il, mais aussi pour l’ensemble des pays des Grands Lacs.

Le souci de son pays, soutient Paul Kagame, a toujours été de cohabiter pacifiquement avec la RDC, dans une même région, de cheminer ensemble dans la voie du développement, de chercher et trouver ensemble des solutions à leurs problèmes. Le Rwanda, affirme-t-il, s’est toujours montré actif dans ce créneau et ne veut qu’une chose : que le Congo démocratique retrouve le chemin de la paix et de la stabilité.

Le président rwandais souligne avec force que l’instabilité et l’absence de paix en République Démocratique du Congo coûtent très cher au Rwanda, qui est sérieusement gêné dans sa quête du progrès et du bonheur de ses populations. En dépit des accusations des Nations Unies contre son pays au sujet de son prétendu appui au M23, indique-t-il, le Rwanda continue de faire sa part de travail pour qu’une solution durable soit trouvée aux questions congolaises.

Rencontre avec les milieux d’affaires américains

Avant d’aborder ces discussions sur la situation qui prévaut dans l’Est de la RDC, le Premier ministre Matata a mis à profit son séjour dans la capitale politique américaine pour rencontrer le monde des affaires américain.

Le 6 février, le Premier ministre Matata a animé au Mayflower Renaissance Hôtel de Washington une grande conférence à Corporate Council on Africa, une plate-forme regroupant un échantillon assez représentatif des investisseurs américains. C’était l’occasion pour le chef du gouvernement de lancer un appel aux hommes d’affaires américains.

Matata Ponyo Mapon s’est servi du témoignage rendu par Russel King, senior vice-président de Freeport-McMoRan CopperGold Inc, actionnaire principal de Tenke Fungurume Mining, pour présenter l’intérêt d’investir en RDC.

Face aux inquiétudes soulevées par les hommes d’affaires américains, le Premier ministre Matata s’est voulu rassurant, réitérant la ferme volonté du gouvernement d’assainir davantage l’environnement des affaires.

La Rédaction avec LVA