L’Afrique du Nord, futur moteur de l’automobile française

(Africa Diligence) Les marchés automobiles de trois pays d’Afrique du Nord, devraient connaître une forte croissance dans les années à venir, une aubaine pour les constructeurs français. L’an dernier, 623.000 véhicules ont été immatriculés en Algérie, Maroc et Tunisie, et le million pourrait être atteint en 2020, selon les projections de PSA Peugeot Citroën, 1er constructeur français.

L’Algérie représente de loin le plus gros marché automobile, avec 568.600 véhicules importés l’an dernier, soit un bond de 46% par rapport à 2011. Il s’agit du deuxième plus gros marché du continent derrière l’Afrique du Sud.

Par rapport à leurs voisins, les Algériens bénéficient d’un PIB par habitant plus élevé et de coûts du carburant plus bas grâce à la manne pétrolière, explique la directrice commerciale de Renault pour la zone, Anne Renaud-Abboud.

Un plan mis en place récemment par le gouvernement pour permettre l’accès au crédit pour les professionnels souhaitant acheter un véhicule utilitaire, dans un pays où le crédit automobile est interdit depuis 2009, ont aussi donné un coup de pouce aux ventes.

La croissance du marché marocain, si elle n’est pas aussi spectaculaire, est aussi solide, avec un bond d’environ 17% l’an dernier à près de 130.300 unités. Le pays, dont le nombre d’habitants est proche de celui de l’Algérie, environ 35 millions, est moins urbanisé, fait valoir Mme Renaud-Abboud.

La Tunisie présente un cas à part car les ventes de voitures sont limitées par l’attribution de quotas, autour de 45.000 ces dernières années, un système hérité de l’époque de Ben Ali et dénoncé par la chambre syndicale des concessionnaires.

« Porte d’entrée vers l’Afrique »

Pour l’analyste Yann Lacroix, d’Euler Hermes, « il est stratégique de se positionner sur ces marchés car ils constituent la porte d’entrée vers l’Afrique et une partie du Moyen-Orient (…). Ils permettent aussi de compenser la faiblesse du marché européen. »

Les marques automobiles françaises, implantées depuis longtemps dans la région, sont en cela bien placées.

« Ce sont des marchés qui sont géographiquement proches, ainsi que par la langue, il existe une influence et des échanges dans les deux sens », résume Yves Moulin, directeur des opérations internationales de PSA pour expliquer leur prédominance.

La part de marché de Renault, avec sa marque Dacia, était ainsi de 26% à fin avril en Algérie et celle de PSA de près de 24%, dont 20% pour Peugeot.

La mainmise de Renault sur le marché marocain est encore plus forte, avec 38%, quand celle de PSA est de 14%. Ce dernier est en revanche numéro un en Tunisie. « Nous avons des parts de marché supérieures à celles en Europe », souligne M. Moulin.

Nouvelles usines

Renault, qui possédait déjà une petite usine au Maroc, près de Casablanca, a renforcé sa présence industrielle avec le site de Tanger, inauguré début 2012.

Le groupe va aussi se doter en 2014 d’une usine en Algérie, qui produira au départ 25.000 véhicules, cette fois-ci destinés au marché local. « Nous allons être le constructeur local », se réjouit Mme Renaud-Abboud.

« Nous n’avons pas de projet d’usine dans ces pays-là », indique en revanche chez PSA M. Moulin, alors que le groupe est limité dans ses investissements par ses importantes difficultés financières.

Les gouvernements algérien et marocain, non contents d’avoir des marchés automobiles en pleine forme, souhaitent en effet se doter d’une véritable industrie, tournée vers la demande nationale mais aussi l’étranger.

Renault exporte déjà vers l’Europe depuis Tanger et « l’Afrique constitue un relais de croissance pour (…) pour les véhicules fabriqués au Maroc », espère son ministre de l’Industrie Abdelkader Amara.

Ces marchés nord-africains compensent partiellement la perte de compétitivité de l’industrie, notamment de l’industrie automobile, ces dernières années, qui est devenue l’un des thèmes majeurs du débat politique en France.

 (Avec AFP)