La diplomatie économique sénégalaise en mode offensif

Dakar se rapproche du peloton de tête conduit par le Maroc dont la diplomatie économique a été la plus intense et la plus médiatisée du quatrième trimestre 2009 sur le continent africain. Objectif: attirer le maximum d’investissements directs étrangers au pays du Président Wade.

Le 5 janvier 2010, le ministre sénégalais des affaires étrangères, Me Madické Niang, a signé un mémorandum d’entente avec Aminata Niane, directeur général de l’Agence de promotion des investissements et des grands travaux du Sénégal (APIX), réaffirmant la volonté politique de l’Exécutif sénégalais d’intensifier la diplomatie économique du pays.

Pour Madické Niang, la promotion de l’investissement extérieur a obtenu des résultats positifs grâce aux missions sénégalaises à l’étranger et « à l’implication de certains ambassadeurs […] Ça aurait été plus important si un lien fort existait entre le ministère des Affaires étrangères et l’APIX qui est toujours au cœur de la promotion du Sénégal mais qui fait mieux que la promotion. L’agence accompagne l’investisseur jusqu’à la réalisation du projet. »

Pragmatique, Aminata Niane a tenu à préciser qu’« il est très difficile de faire de la promotion tous azimuts. Nous sommes obligés de faire du ciblage d’investisseurs  à cause de la modicité des moyens publics. » De plus, « Certains diplomates n’ont pas le profil… D’où la nécessité de mener la formation continue pour leur permettre d’assurer la promotion du Sénégal. »

Les deux responsables ont réaffirmé l’engagement du président Abdoulaye Wade à placer la diplomatie économique au même niveau que la coopération politique avec les États partenaires, à rééquilibrer la balance commerciale généralement défavorable au Sénégal, en favorisant notamment la promotion des investissements directs étrangers.

D’après le dossier de presse fourni par l’APIX, « en dépit du contexte économique post-crise défavorable, les investissements agréés enregistrés au niveau du Guichet unique d’APIX S.A se sont maintenus au premier semestre 2009. »  Selon la même source, 177 projets sont passés au Guichet unique pour un montant de 318 milliards de francs CFA de janvier à juin 2009, contre 666 milliards en 2008.

Reste à assurer la cohésion avec l’ensemble des partenaires nationaux, à établir le lien avec l’intelligence économique et à communiquer au maximum. Sinon, il faudra s’attendre à ce que tous les six mois, une initiative du même type réinvente la diplomatie économique – appuyée par des intérêts privés ou étrangers –  qui vienne se présenter comme pionnière en la matière, comme si rien n’avait jamais existé auparavant.

Fort du signal adressé à ses diplomates et aux investisseurs internationaux le 05/01/2010, le Sénégal se rapproche du peloton de tête composé du Nigeria, de l’Afrique du Sud, de la Libye et du  Royaume shérifien dont la diplomatie économique peut servir de modèle au reste du continent.

Guy Gweth

Dans le même ordre d’idées, lire :

Les défis de la diplomatie économique africaine I & II