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La réalité du marché des matières premières en Afrique depuis 1990

[Africa Diligence] Les premiers marchés de matières premières ont fait leur apparition en Afrique dans les années 1990. L’Ouganda, le Zimbabwe, le Kenya, la Zambie et l’Afrique du Sud ont été les premiers pays africains à se lancer dans le négoce de matières premières. Pour nos conseils en business intelligence, le continent a réalisé des bons substantiels depuis lors.

Auparavant, ces marchés étaient généralement réservés aux pays industrialisés mais depuis la libéralisation des échanges, le développement de technologies plus accessibles et la déréglementation, les bourses de matières premières ont pu évoluer sur le continent.

Comment et pourquoi les matières premières sont-elles négociées ?

Les marchés financiers (actions, obligations, devises et matières premières) sont indissociablement liés de plusieurs façons de sorte que les tendances et les événements sur un marché influent sur l’évolution des prix sur les autres marchés.

Les matières premières extraites, produites et raffinées par des sociétés cotées en bourse ainsi que les décisions des investisseurs sur le marché boursier ou forex peuvent influer sur les prix et la disponibilité des matières premières dans l’ensemble de l’économie. Comprendre ces effets ainsi que les effets que les matières premières peuvent avoir sur le marché boursier ou sur les investissements forex est primordial pour bien négocier les différents actifs qui composent ces différents marchés. Il existe en principe une relation inverse entre la valeur des devises sur le marché des changes et les prix des matières premières. Historiquement, les prix des produits de base ont tendance à baisser lorsque par exemple le dollar se renforce par rapport aux autres grandes devises et lorsque la valeur du dollar s’affaiblit par rapport à celles-ci, les prix des matières premières augmentent généralement.

Il existe tout un éventail de matières premières qui peuvent être négociées, notamment les matières premières agricoles telles que le maïs, le soja et le blé. Cependant, ce sont les marchés de l’énergie sous la forme du pétrole, du gaz et les marchés des métaux précieux (comme l’or et l’argent) qui ont tendance à être plus populaires auprès des traders.

À l’origine, les bourses de matières premières vendaient des contrats à terme pour que les fabricants et les agriculteurs puissent acheter des contrats garantissant le prix d’un produit de production ou d’une récolte à une date ultérieure. Ces acteurs utilisent toujours les contrats à terme sur les matières premières à cette fin mais les spéculateurs sont désormais entrés sur le marché pour parier sur l’évolution des prix des matières premières et des titres connexes via des produits financiers comme les contrats à terme qui donnent au détenteur le droit d’acheter une quantité déterminée d’une marchandise pour un montant déterminé à une date ultérieure ou avant. Certains traders se concentrent sur les actions liées aux matières premières plutôt que sur les matières premières elles-mêmes et d’autres préfèrent recourir aux ETF (Fonds négociés en bourse) ; ces derniers peuvent être comparés aux indices et permettent d’investir dans un grand panier d’actions individuelles ou d’obligations.

Le trading de matières premières peut être très avantageux pour les traders les plus avertis. En période d’inflation, les prix des actions baissent. En revanche celui des matières premières nécessaires à la fabrication des produits finis augmente considérablement en raison de la croissance de la demande ce qui entraîne finalement une hausse des prix des produits finis. Les investisseurs se tournent donc vers les contrats à terme sur les matières premières pour protéger leur capital des effets de l’inflation et maintenir leur valeur.

Un autre aspect positif de ce type de trading concerne les événements géopolitiques à risque. Les émeutes et les guerres perturbent la chaîne d’approvisionnement ce qui entraîne une pénurie de ressources car il devient difficile de se procurer et de transporter les matières premières vers les usines où elles sont transformées en produits finis. Lors de tels événements, le pessimisme règne sur le marché ce qui entraîne une chute brutale des cours des actions. Par conséquent, investir dans les matières premières peut contribuer à limiter les pertes dans un portefeuille d’investissement.

La place de l’Afrique dans le marché mondial des matières premières

Les matières premières sont un marché important pour l’Afrique puisqu’elles représentent plus de 80 % des exportations de 35 des 48 nations du continent. La croissance économique de ces pays est donc étroitement liée aux prix des ressources. De nombreuses économies africaines sont fortement exposées à une ou deux ressources seulement. Le pétrole est considéré comme le produit dominant dans plusieurs pays du continent : Angola, Tchad, Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Libye, Nigeria et Soudan.

L’Afrique du Sud possède les plus grandes réserves d’or prouvées au monde en dehors de l’Australie et est le troisième plus grand exportateur de minerai de fer bien que sa part de 5 % soit loin derrière les 50 % de l’Australie et les 25 % du Brésil. Quant au platine sud-africain, il représente les deux tiers de la production mondiale. Le pays possède environ 90 % des réserves mondiales de métaux du groupe du platine utilisés dans les convertisseurs catalytiques pour réduire les émissions des moteurs à essence.

Les constructeurs automobiles ont également besoin de cobalt pour les batteries et la République démocratique du Congo représente les deux tiers de la production mondiale et la moitié des réserves mondiales. La quasi-totalité de ses exportations sont destinées à la Chine mais les prix élevés incitent les fabricants à développer des batteries qui utilisent moins de cobalt ou des alternatives.

Une histoire vieille de plus de 150 ans

L’Afrique a accueilli l’une des premières bourses de matières premières du monde : La bourse du coton égyptienne, établie en 1861 à Alexandrie. Elle ne jouait pas seulement un rôle national mais était également d’une grande importance pour le commerce mondial attirant des acheteurs du reste de l’Afrique, des États-Unis et de l’Inde. Cependant, en raison de l’empiètement constant de l’État sur le commerce du coton, la bourse a été fermée l’année de son centenaire. Le continent est ensuite resté sans bourse de matières premières jusqu’au lancement de la Zimbabwe Agricultural Commodity Exchange (ZIMACE) en mars 1994. Au cours de la dernière décennie, de nombreuses économies africaines ont connu une croissance exceptionnelle grâce au renforcement des liens économiques entre les pays africains, aux nouvelles initiatives sur le marché des changes et des produits de base, aux nouvelles technologies mises en place et aux financements alimentés par les différents partenaires. Les pays africains sont également devenus plus ambitieux en termes de couverture géographique et de public cible, qui inclut désormais généralement les banques et non plus seulement les participants du secteur des matières premières. Aujourd’hui, l’Afrique nourrit donc une ambition d’envergure mondiale.

La Rédaction (avec SB et MS)