L’Asie, nouvel eldorado pour les entreprises africaines

[Africa Diligence] L’accès au financement est l’un des facteurs de la croissance africaine, mais également l’une des entraves actuelles au développement économique du continent. A la rareté des fonds en Afrique, il faut ajouter les taux d’intérêt élevés qui freinent l’investissement et les produits de financement peu variés. Nulle surprise donc, que les entreprises africaines soient à la recherchent d’autres partenaires.

Les entreprises africaines doivent en effet chercher d’autres débouchés de financement au regard des difficultés qu’elles éprouvent à lever les fonds au sein du continent. Pour le moment, elles se tournent majoritairement vers les banques classiques locales. Avec un succès relatif, pour ne pas dire très faible au regard des besoins.

Dans un rapport sur le développement de l’Afrique publié en 2011, la Banque africaine de développement (BAD) a montré que seules 22,2 % d’entre elles obtiennent une ligne de crédit ou un prêt bancaire. Le même taux est de près de 40% pour les entreprises asiatiques. Selon Deloitte, « le marché bancaire est une source traditionnelle de financement des entreprises en Afrique, mais les taux d’intérêt élevés freinent l’investissement et les produits de financement sont peu variés. » C’est ce qui justifie les nombreuses réflexions menées pour trouver des solutions pérennes au financement des entreprises africaines. La BAD, par exemple, a mis sur pied un Fonds africain de garantie (FAG), pour offrir des garanties de crédit au bénéfice des entreprises.

Pendant longtemps, les fonds occidentaux ont, en grande partie, constitué un palliatif financier pour les entreprises en Afrique.  Au sein de l’Agence française de développement (AFD), bras séculier de la coopération étrangère de la France, existe la Proparco. Cette filiale du groupe AFD est exclusivement dévolue au secteur privé. « Depuis 2012, l’Afrique représente près de 50% de l’activité annuelle de Proparco (1,5 milliard d’euros en portefeuille). Le continent africain reste au cœur des priorités de Proparco qui y consacrera 2,7 milliards d’euros sur la période 2017-2020 », écrit cette institution financière sur son site internet. La Banque européenne d’investissement, la Société financière internationale et d’autres « fonds politiques » revendiquent le même rôle auprès du secteur privé africain, mais leur prise de risque est limitée, car elle est constamment adossée sur une garantie des États africains. Ces dernières années, les financements accordés par certaines institutions de financement vont essentiellement aux entreprises de leur pays en affaires en Afrique.

77 milliards d’euros de prêts chinois

C’est sur ce créneau que se situent les pays asiatiques. La Chine, par exemple, déploie sur le continent africain sa panoplie financière constituée de Eximbank China, Bank of China, China Development Bank ou encore Industrial and Commercial Bank of China. Nena Stoilijkovic de la SFI, organisme de la Banque mondiale dédié au secteur privé, explique que depuis l’an 2000, le gouvernement, les banques et les entreprises chinoises ont prêté 77 milliards d’euros en Afrique.

Ces fonds ignorent certains risques considérés comme rédhibitoires (conditions politiques et sociales) et injectent massivement des financements en Afrique. Ces ressources arrivent sous forme de prêts au pays, mais servent aux entreprises chinoises installées sur le continent. D’après une étude du cabinet de conseil international McKinsey sur le partenariat économique entre l’Afrique et la Chine, publiée en 2017, plus de 10 000 entreprises chinoises sont actives sur le continent. Grâce au crédit acheteur, ces entreprises démarchent les banques chinoises pour financer des projets dont la réalisation leur revient automatiquement. Les institutions de financement chinoises prêtent aussi aux entreprises africaines, mais à chaque fois l’État se pose en garantie.

La Rédaction (avec Parfait Siki)

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