Le casse-tête africain du Renseignement humain

L’homme à qui nous demandions comment retrouver l’entrepôt sur lequel nous devions enquêter leva le bras droit et lança : « c’est tout droit, vous suivez la route, c’est à 1 kilomètre. » Nous roulâmes 4 kilomètres avant de trouver l’entrepôt visé… Notre homme était pourtant de bonne foi.

Par Guy Gweth

Sur le chemin de retour, nous tombâmes à nouveau sur le monsieur d’environ soixante-dix ans qui nous avait renseignés à l’allée. Casquette marron vissée sur la tête, la machette sous l’aisselle gauche et un sac en coton beige qui pouvait peser plus de trente kilos sur le dos, il avança d’un pas lent vers notre véhicule, souriant, visiblement fier de ses indications.

Après de nouvelles amabilités,  l’homme nous invita chez lui pour, précisa-t-il, « reprendre des forces avant de reprendre la route… » Comme s’il nous avait toujours connus. Nous apprîmes entre deux mets que, comme Kant, ce vieillard n’avait jamais quitté son village natal; mais pour ce qui nous avait amené, il se révéla être une « bibliothèque vivante », selon le bon mot d’Hampâté Bâ.

Pour ceux qui peuvent lire entre les lignes, ce petit retour d’expérience abrège le contexte très singulier des investigations de terrain au sud du Sahara, dans les villes comme dans les campagnes, dans les administrations publiques comme dans le privé. La pratique du Renseignement humain en Afrique échappe encore largement aux manuels les plus couramment usités.

Et parce qu’en évaluant la rubrique « Afrique » de quelques banques de données internationales réputées, le praticien africain de l’intelligence économique ne peut que s’émouvoir devant certaines approximations vendues aux multinationales, voici sept facteurs clés de succès pour une mission de Renseignement humain en Afrique centrale et de l’ouest :

1. La sagesse africaine ;

2. La rigueur allemande ;

3. La patience chinoise ;

4. La sagacité française ;

5. Le flegme britannique;

6. Le pragmatisme américain ;

7. La générosité du Père Noël.

Source:  GMC