Les capitaux libyens et russes à l’assaut de l’Italie

L’argent n’a pas d’odeur. Selon « Il Corriere della Sera », déjà 5 milliards d’euros ont été investis au cours des derniers mois par la Russie et la Libye en Italie et plus de 60 milliards devraient arriver rapidement. « Une rivière de capitaux », écrit le quotidien italien, même s’il y a des « préoccupations » avec ces deux pays, notamment en matière de droits de l’homme. Et les litiges commerciaux avec Tripoli ne manquent pas. La Libye devait encore quelque 626 millions de dollars à des entreprises italiennes, après la suspension des paiements en rétorsion de l’embargo des pays occidentaux de 1986.

Ce qui ressort de l’enquête du journal sur les investissements russes et libyens, c’est qu’ils sont surtout destinés à des sociétés leaders dans des secteurs stratégiques « avec tous les risques possibles pour le système italien ». Ainsi la banque centrale de Libye a investi dans UniCredit, la Libyan Investment Authority dans l’ENI, sans parler évidemment du club de football Juventus. De même le russe Severstal a racheté Lucchini, Metinvest a pris Trametal, Rusal Eurallumina. Et, d’après le journal, d’autres entreprises comme Telecom Italia, Finmeccanica, Impregilo, Generali sont dans le collimateur. Les possibilités d’investissement en Italie ne manquent pas et les « meilleures » propositions proviennent de Russie et de Libye. La légende de la caricature du « Corriere della Sera » résume ainsi la situation : « Ta banque, qui l’a achetée : les Russes ou les Libyens ? », demande un personnage. « Je ne sais pas. Les comptes sont en roubles et les intérêts en chameaux. »

Les Échos