Les défis de la diplomatie économique africaine (1)

Bien avant la chute de Lehman Brothers le 15 septembre 2008, la plupart des grandes puissances travaillaient déjà à réorienter leur diplomatie dans un sens résolument business. En France par exemple, les opérateurs économiques sont pratiquement de tous les voyages internationaux de Nicolas Sarkozy depuis mai 2007. Du nord au sud du globe, le durcissement de la concurrence et la fébrilité générée par la crise économique et financière ont propulsé la diplomatie économique au devant de la scène. Pour gagner des parts de marché à l’extérieur et attirer plus d’investisseurs et de touristes étrangers, la diplomatie africaine doit relever au moins deux défis principaux: élaborer des stratégies nationales d’intelligence économique et activer les leviers d’actions correspondants.

Élaborer une stratégie  nationale d’intelligence économique

Cette étape fondamentale passe par la définition précise d’une doctrine nationale, le choix des secteurs prioritaires de l’Etat concerné et leur déclinaison institutionnelle et opérationnelle.

Définition d’une doctrine

Si l’on considère simplement l’intelligence économique comme un processus de collecte, d’analyse et de mise en circulation sécurisée de l’information économique utile aux décideurs, il faut en conclure qu’elle est l’indispensable point de départ d’une diplomatie économique efficace. Un tel dispositif peut se révéler extrêmement rentable dans un pays comme le Ghana  qui a bénéficié de la visite très symbolique du Président Obama du 10 au 11 juillet 2009 après l’élection exemplaire de John Atta Mills à la tête de l’Etat, et où la découverte de nouveaux gisements de gaz et de pétrole devrait attirer plus d’investissements étrangers que jamais. Cela implique de définir des principes de bases, un plan d’action précis et des secteurs prioritaires.

Choix des secteurs prioritaires

La délimitation d’un périmètre de priorités est primordiale dans la définition d’une stratégie nationale d’intelligence économique. Elle permet d’éviter des pertes d’énergies là où on en a le moins besoin pour les concentrer dans les secteurs les plus rentables pour le pays. Cela est vrai aussi bien pour les richesses dont dispose une nation que pour celles qu’elle convoite. En se focalisant par exemple sur le secteur des hydrocarbures, le Nigeria a attiré 20 milliards de dollars d’investissements en 2008, soit 8 milliards de plus qu’en 2007, d’après le rapport 2009 de la CNUCED. Cette approche ne doit cependant pas conduire à délaisser les secteurs vitaux tels que l’agriculture. Il faut l’inscrire de manière opérationnelle au cœur des institutions.

Déclinaison institutionnelle et opérationnelle

Comme modèle de déclinaison d’une stratégie d’intelligence économique, il n’y a pas mieux que le super ministère japonais de l’économie, du commerce extérieur et de l’industrie, plus connu sous l’abréviation METI (Ministry of Economics, Trade and Industry). Il a été crée en 1949 sous le sigle MITI pour favoriser les technopôles dans le pays, surveiller les échanges du Japon avec l’extérieur, informer et conseiller les entreprises nipponnes à l’international. Ce modèle pourrait d’autant plus inspirer les gouvernements africains qu’il a été institué dans un Japon complètement dévasté par la 2ème guerre mondiale et qu’il a su fédérer les secteurs publics et privés du pays autour de leviers d’action communs, avec les résultats qu’on connaît.

A suivre prochainement: les leviers d’actions stratégiques

Guy Gweth