(Africa Diligence) Une vingtaine d’opérateurs économiques burkinabè ont séjourné à Taipei dans le cadre d’une mission organisée par l’ambassade de Taïwan à Ouagadougou et la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso. Objectif, tirer profit de la Foire internationale de l’hôtellerie et de l’agroalimentaire qui se tenait du 26 au 29 juin pour nouer des partenariats avec des entreprises de Taïwan.
Il y a une multitude de raisons qui peuvent conduire un opérateur économique burkinabè à Taiwan : sixième puissance économique d’Asie, ce pays est singulièrement connu pour le bas coût d’approvisionnement pour l’industrie électronique et l’économie très dynamique basée sur le tissu de PME très réactives qu’il a développé. Le pays est également passé maître dans l’art d’innover et d’apporter de la qualité à ses produits. Des arguments suffisamment convaincants pour qu’une vingtaine d’entreprises, issus de l’hôtellerie, de l’agroalimentaire, du biomédical, de l’élevage voire l’automobile et l’électricité, qui se fassent « le grand saut » à la Foire internationale de l’hôtellerie et de l’agroalimentaire Taipei.
Ce sont les efforts communs de la Chambre de commerce du Burkina Faso et du Centre de promotion des investissements taïwanais de Ouagadougou qui ont rendu la mission possible. Le séjour, riche en rencontres et en enneigements, s’est déroulé en plusieurs étapes : une première journée pour permettre aux voyageurs de visiter les vastes halls et les centaines de stands du Taipei world trade center et du Nangung hall, les deux sites d’exposition, pour repérer ce qui les intéresse. Et le reste du temps consacré à nouer des partenariats avec des entreprises locales.
Comme l’explique Sandrine Toé, Chargée de programme au Centre de promotion des échanges commerciaux et d’investissement du Service de coopération de l’ambassade de la République de Chine Taïwan au Burkina Faso, « l’objectif était de laisser chacun visiter lui-même l’exposition, voir ce qui est proposé. S’il identifie des stands et des entreprises qui l’intéressent, il pouvait ensuite bénéficier de l’aide de la coopération taïwanaise ou de la Chambre de commerce ».
Entreprises différentes, but commun
Les participants représentaient des entreprises de taille et de domaines d’activités divers. Si certains ont pu jeter les bases d’un partenariat avec des sociétés de Taiwan, voire s’approvisionner, d’autres y sont arrivés avec un agenda bien établit. C’est le cas de Dafani, une usine de jus de fruits qui représente 130 permanents, 250 saisonniers en période de campagne, 4,5 milliards de chiffres d’affaires pour 2012, et qui cherche à élargir ses horizons.
« Nous avons rencontré des partenaires avec lesquelles nous avons noué des relations. Dans les semaines à venir, les choses vont se préciser. Ces opérateurs se donnent un peut de temps pour formaliser leurs différentes offres », fait observer Adama Traoré, le directeur général de l’entreprise.
La Société de transformation de fruits et légumes de Loumbila (STFL) ainsi que le groupe Vélègda, leader dans la collecte et la commercialisation des produits de cru et des céréales au Burkina, ont eux aussi pu rencontrer des partenaires, visité des usines. Dans les jours à venir le groupe Vélegda pourrait même fournir du sésame et éventuellement signer des partenariats pour pouvoir faire une partie de la transformation au niveau local avec des Taïwanais.
S’ils provenaient de domaines d’activités différents, ces hommes d’affaire avaient un but commun : celui de renforcer leur savoir-faire dans le domaine de l’agro-alimentaire et de l’hôtellerie. Ils nourrissaient l’espoir que leur participation leur permettra d’apporter l’innovation dans la gestion de leurs activités.
Et surtout, que les fruits tiendront la promesse des fleurs après les tête-à-tête des rencontres B2B du vendredi 28 juin 2013 avec les hommes d’affaires taïwanais, dont la réputation n’est plus à faire dans les domaines de la machinerie et de tout ce qui touche la transformation des aliments, dans le domaine des techniques et nouvelles inventions, dans le domaine de l’emballage et les aliments déjà transformés…
C’est le cas de Rose Baky, promotrice des jus de fruits naturels « La Manne ». Sa société, qui alimente le marché burkinabè en boissons depuis 2010, a été deux fois lauréate du premier prix catégorie boisson en 2011 et 2012 lors de foires organisées au Burkina Faso. « Je suis venue voir les opportunités offertes en matière d’équipements. Je ramène une machine pour compléter mon matériel afin de lancer un nouveau projet. Pour moi, franchement, ce voyage s’est très bien passé » affirme t-elle.
Kevin Tchibassa, lui dirige l’hôtel des conférences à Ouagadougou, un hôtel à une étoile. La structure a de grandes ambitions : celle de monter en étoiles. C’est pourquoi, explique t-il, il est « venu pour voir les équipements dont nous avons besoin. Ce qui m’intéresse, ce sont les équipements de chambres, de salles de conférence, de restaurants. Je veux aussi en savoir plus sur certaines nouvelles technologies en matière hôtelière parce que nous avons besoin d’être en phase avec le monde de l’hôtellerie qui évolue sans cesse. »
Aucune chance de tomber sur des produits contrefaits Il faut dire qu’à l’heure du bilan, les participants se montraient satisfaits. « Notre objectif était de voir dans quelle mesure transférer une technologie de qualité au Burkina », témoigne ainsi Cheik Sawadogo dont l’entreprise, Faso Commerce, évolue dans le domaine de l’automobile. Pour Madi Diallo de l’Hôtel Delwendé, dont c’est la première visite à Taïwan, c’est la qualité des équipements trouvés et qualité des rencontres qui sont impressionnantes. « Ils sont très en avance sur le plan technologique. Nous avons l’impression qu’ils sont en avance sur l’Europe. Nous avons vu des équipements qui peuvent être très utiles dans notre contexte économique et social », fait-il remarquer.
Cette qualité des équipements proposés a aussi frappé des hommes d’affaires comme Aboul Koutou, qui fait son marché dans d’autres pays d’Asie, comme les Emirats arabes unies (Dubaï), et qui était à la recherche de produits alimentaires tels que les biscuits, le lait ou le jus de fruits. « Tout ce qui est proposé est original et de qualité. Aucun risque de tomber sur de la contrefaçon », observe t-il, en louant le sens de l’accueil et l’ouverture d’esprit des Taïwanais.
Pour sa part Adama Traoré, le directeur général de Dafani, résume la mission en ces termes : « La mission a été bien organisée depuis Ouaga. A notre arrivée les choses se sont bien passées. Les programmes étaient bien définis, les rendez-vous bien pris. »
Reste aussi à transformer l’essai. Pour cela, les hommes d’affaires peuvent compter sur la Chambre de commerce. « Si vous organisez une mission et qu’après les gens sont laissés à eux-mêmes, il n’est pas évident que les retombées escomptés puissent être réalisées. Quand les hommes d’affaires s’adressent à nous et demandent notre avis, il nous arrive de les orienter vers des cabinets spécialisés ou d’attirer leur attention sur des petits pièges qui peuvent les condamner », assure Mamadou Ouattara, chef du service promotion des échanges commerciaux de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina.
Ils ont dit
Horn Winston Hu, directeur Afrique et Asie au Mofa : « Nous encourageons les hommes d’affaires burkinabè à venir visiter Taiwan et y à faire des achats, tout en incitant nos entreprises à participer aux échanges. C’est ainsi que vous avez pu remarquer la forte présence de Taiwan lors de certaines éditions du Siao, du Sitico ou d’Africalia par exemple. Ces visites doivent être réciproques. Il faut intensifier les séjours au Burkina pour les taïwanais, leur permettre de découvrir davantage les possibilités qui s’offrent à eux ».
Jacques Sawadogo, ambassadeur du Burkina : « C’est le genre de visite qui installe la confiance entre les partenaires. Les relations qui se nouent peuvent ensuite se poursuivre par la magie du Net. Il faut dire que cette coopération entre secteurs privés des deux pays prend de l’importance, mais peut s’améliorer davantage. Les Taïwanais craignent surtout de ne pas pouvoir franchir la barrière linguistique s’ils viennent au Burkina. Nous les rassurons en leur disant que de plus en plus, les hommes d’affaire du Burkina parlent anglais et que nombreux sont les Burkinabè qui apprennent la langue. Ils peuvent à tout moment trouver quelqu’un pour les aider. Le commerce entre les deux pays n’est pas à sens unique puisque le Burkina leur vend du sésame, du coton et du beurre de karité. »
Mike Hung, président de Taida, l’association des PME/PMI taïwanais « Je travaille avec le continent africain depuis 30 ans. J’ai déjà visité 38 pays africains. J’éprouve un sentiment très profond pour les pays africains avec qui j’ai du plaisir à faire des affaires, mais aussi à transmettre le savoir-faire taïwanais pour ce qui concerne notamment le marketing, la création et l’organisation des entreprises. Il y a quinze ans, j’ai visité le Burkina Faso pour la première fois. J’y suis souvent revenu et je me souviens de l’accueil réservée par le président du Faso. Avec ces échanges commerciaux, ce sont des centaines d’hommes d’affaires taïwanais qui ont été présentés aux burkinabè. Ils connaissent de plus en plus le Burkina et ont de plus en plus envie de faire du business avec votre pays. Il n’y a pas d’inquiétudes à se faire pour la langue : j’ai constaté que, de plus en plus, les hommes d’affaires burkinabè se mettent à l’anglais ».
Désiré Théophane SAWADOGO