[Africa Diligence] La Première ministre britannique pour sa première visite en Afrique, qui l’a conduit tour au tour en Afrique du Sud, au Nigéria et au Kenya, a fait quelques déclarations fortes, entre autres la promesse de 4 milliards d’euros d’investissements pour l’Afrique.
Devant un parterre d’hommes d’affaires, la première ministre a affiché un objectif présenté comme ambitieux : « Que le Royaume-Uni devienne le premier investisseur des pays du G7 en Afrique d’ici à 2022 ». Ambitieux, mais atteignable : avec 55 milliards de dollars investis en 2016 (soit 52 milliards d’euros à l’époque), le Royaume-Uni suit de près les États-Unis, qui ont investi 57 milliards de dollars la même année, d’après les chiffres de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).
Mme May a également promis un plan d’investissement de 4,4 milliards d’euros pour soutenir les économies africaines, centré sur la création d’emplois pour les jeunes. « Les défis auxquels l’Afrique est confrontée dépassent la seule Afrique. Il est dans l’intérêt du monde entier que ces emplois soient créés pour s’attaquer aux causes et aux symptômes de l’extrémisme et de l’instabilité, pour gérer les flux migratoires et pour encourager une croissance propre », a-t-elle affirmé, sans préciser quel montant serait alloué à chaque pays.
De long terme et de haute qualité
Plutôt mesuré, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, s’est déclaré « ravi de la contribution du Royaume-Uni à notre quête d’investissements ». Depuis son arrivée au pouvoir, en février, l’ex-homme d’affaires a lancé une campagne pour attirer 100 milliards de dollars d’investissements étrangers en cinq ans et soutenir l’économie sud-africaine, en difficulté. En quelques mois, un tiers de cette somme a déjà été engagé par la Chine, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Mercredi, le dirigeant sud-africain s’envole d’ailleurs pour Pékin, en amont du Forum sur la coopération sino-africaine, les 3 et 4 septembre. Le président Xi Jinping rend l’invitation, après avoir annoncé plus de 12 milliards d’euros d’investissements chinois pour la seule Afrique du Sud lors de sa visite à Johannesburg en juillet 2018.
En comparaison, les annonces de Mme May paraissent modestes. « On ne peut pas concurrencer la puissance économique de certains pays, a-t-elle concédé. Mais nous pouvons offrir des investissements de long terme et de haute qualité. » A un journaliste britannique qui lui faisait remarquer que le président français, Emmanuel Macron, s’était rendu neuf fois en Afrique depuis le début de son mandat, elle a platement répondu : « Nous avons travaillé avec des nations et des gouvernements africains par le passé. »
Étapes au Nigeria et au Kenya
Sur le plan commercial, le Royaume-Uni post-Brexit se profile comme un nain en Afrique, avec des échanges avoisinant les 36 milliards de dollars en 2015, contre 305 milliards pour l’Union européenne (UE) et 188 milliards pour la Chine. L’ancien empire colonial arrive en retard sur un continent courtisé de toutes parts, par les grandes puissances comme par les pays émergents.
La visite de la première ministre avait justement pour objectif de montrer qu’elle est capable de nouer des accords commerciaux à l’étranger. Mardi, avant son tête-à-tête avec le président Ramaphosa, la première ministre a signé des accords économiques avec l’Union douanière d’Afrique australe (SACU) et le Mozambique, destinés à remplacer ceux en vigueur pour l’UE et qui ne s’appliqueront plus lorsque le Royaume-Uni en sortira.
Dans l’avion l’emmenant en Afrique du Sud, Mme May a réitéré son mantra selon lequel pas d’accord sur le Brexit vaut mieux qu’un mauvais accord. « Ça ne serait pas la fin du monde », a-t-elle déclaré aux reporters qui l’accompagnaient, d’après la BBC. Une saillie adressée au chancelier de l’échiquier, Philip Hammond, qui la semaine dernière alertait sur les dégâts que causerait l’absence d’accord pour l’économie britannique.
Pour la deuxième étape de sa tournée africaine, Theresa May se rendra mercredi au Nigeria, où elle doit évoquer avec le président Muhammadu Buhari des enjeux sécuritaires comme Boko Haram. Enfin, jeudi au Kenya, elle rendra visite aux troupes britanniques qui combattent les Chabab en Somalie. La dernière fois que l’ancienne colonie avait reçu un premier ministre britannique, c’était Margaret Thatcher, en 1988.
La Rédaction (avec Adrien Barbier)