Magloire Mbarga Atangana: « Le Cameroun est le Gateway de l’Afrique centrale »

Dans la perspective des prochaines Journées économiques et commerciales du Cameroun, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre camerounais du commerce, explique la place stratégique de son pays en Afrique centrale. Avec la Communauté des affaires, Yaoundé prépare de vastes opérations visant à diversifier ses exportations et à attirer plus d’investissements directs étrangers.

Monsieur le ministre, quel est l’objectif des Journées économiques et commerciales que vous comptez organiser cette année aux Etats-Unis, au Brésil, au Maroc et au Nigeria, après celles déjà tenues dans ce dernier pays en 2009 et 2010 ?

Luc Magloire Mbarga Atangana, Ministre camerounais du Commerce

Mbarga Atangana : Je voudrais pouvoir vous dire, d’entrée de jeu, qu’il s’agit ni plus ni moins de la mise en œuvre de la ligne directrice que le président de la République a donnée à mon département ministériel. A savoir, la consolidation des acquis, le renforcement de nos partenariats traditionnels et naturellement l’ouverture vers l’émergence, puisque c’est l’objectif également du Cameroun. Vous savez que le président de la République entend faire du Cameroun à l’horizon 2035 un pays émergent. Et naturellement dans cette mouvance-là il reste le volet de l’intégration régionale et c’est pour cela que vous aurez remarqué que notre déploiement au cours de l’année 2012 va vers ce renforcement de nos partenariats traditionnels. Le marché américain avec notre intégration dans le processus de l’AGOA, la loi américaine sur la croissance économique en Afrique, une loi qui a été votée en 2000 et qui comporte un volet extrêmement important, à savoir l’accès en franchise de droits des produits d’un certain nombre de pays éligibles, parmi lesquels le Cameroun.

Ce côté-là, c’est le renforcement des relations traditionnelles avec les Etats-Unis. Le Brésil, vous connaissez l’économie brésilienne, une économie émergente ; le Cameroun a beaucoup à apprendre de l’expérience brésilienne, de l’expérience de manière générale de ce qu’on appelle les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), l’ensemble des pays émergents, et donc naturellement aussi l’Afrique au travers du périple marocain et de l’étape nigériane. Je dois dire que le Nigeria d’ailleurs, c’est une répétition de tout ce que nous avons entrepris depuis maintenant trois ans. C’est tout cela qui forme l’ossature de la politique commerciale du Cameroun, politique d’ouverture et politique également d’attrait des investissements étrangers.

Comment inverser la tendance d’une balance commerciale tirée par les exportations de matières premières brutes et où l’activité économique elle-même reste dominée par le secteur informel ?

Cela peut s’appeler aussi la gouvernance commerciale. Il faut changer simplement de logiciel. Il faut changer d’habitudes. Il faut que les gens s’exercent à travailler en surface et non de manière souterraine. Vous savez, les habitudes ont la peau dure, mais les Camerounais ont cette caractéristique qu’ils sont essentiellement citoyens et cette mutation est en cours, elle se fera forcément au travers de l’industrialisation du pays, au travers de la réalisation des projets structurants tels que voulus par le président de la République, S.E. Paul Biya. C’est un processus, tous les pays ont connu ça à travers le monde. Même l’histoire, on n’est plus à l’âge de la pierre taillée aujourd’hui, je dirais qu’on est à l’âge de la pierre polie. Donc, c’est une évolution naturelle qui se fera au Cameroun.

Quand vous rencontrez des investisseurs, qu’est-ce que vous leur dites : qu’il n’y a plus de goulots d’étranglement dans les procédures administratives et qu’il n’y a plus corruption au Cameroun ? Quel est le message que vous leur passez ?

Je leur dis que le Cameroun d’abord c’est le « gateway » de l’Afrique centrale, un marché suffisamment grand pour permettre de rentabiliser un investissement. A partir du Cameroun, vous touchez le marché de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), c’est-à-dire un marché de 110 millions de consommateurs grosso modo. A partir du Cameroun, vous touchez le marché de notre voisin de l’Afrique de l’Ouest qu’est le Nigeria, c’est-à-dire 150 millions de consommateurs. Les deux zones réunies font du Cameroun un marché potentiel de 260 millions de consommateurs. Donc, c’est un marché solide, solvable, où la demande est forte et c’est un marché où la croissance économique est en marche. Investir aussi au Cameroun, c’est investir dans la stabilité : la stabilité politique, la stabilité des institutions républicaines.

Donc, il y a une visibilité quand vous investissez au Cameroun. C’est un facteur, me semble-t-il, particulièrement important. Investir aussi au Cameroun, c’est investir dans un cadre institutionnel incitatif. Je rappelle que le Cameroun dispose d’une Charte des investissements que le président de la République a voulue révolutionnaire de par ses dispositions : la garantie des investissements, la possibilité de rapatrier les bénéfices, le rôle de l’Etat important, l’Etat régulateur, l’Etat accompagnateur. Cette Charte des investissements est assise sur une loi. J’allais dire tout simplement que le Cameroun est un bon risque, avec une population intelligente et industrieuse, au talent inné.

AD (avec Xinhua)