Pourquoi la croissance africaine restera soutenue

(Africa Diligence) Le Fonds monétaire international (FMI) est optimiste pour l’économie de l’Afrique subsaharienne, si l’on en croit les prévisions du rapport publié le 31 octobre. « Les vents contraires qui soufflent à l’échelle mondiale ont peu affecté sa croissance en 2013 et le rythme de celle-ci devrait s’accélérer en 2014″, estime les auteurs.

Le taux de croissance est prévu à 5 % pour cette année et à 6 % pour l’année prochaine. Autre bonne nouvelle, le taux d’inflation annoncé est en baisse pour la troisième année consécutive et passera en dessous de 6 % à la fin de 2014.

Evidemment, il s’agit de moyennes. Comme nulle part ailleurs dans le monde, les situations sont très contrastées entre des pays convalescents qui affichent des taux de croissance spectaculaires comme le Sud-Soudan (+24,7 % en 2013) ou la Sierra Leone (+13,3 %) et d’autres en déshérence telle la République centrafricaine en proie à la guerre civile (-14,5 %).

Les risques qui pèsent sur le développement de l’Afrique noire sont externes. En effet, le ralentissement des économies émergentes pourrait tasser leur demande, actuellement forte, de matières premières. Dans le pire des scénarios, le recul des prix qui en résulterait ne ferait pas « dérailler la croissance » de l’Afrique noire dans sa globalité, mais le FMI estime que certains pays très dépendants de l’exportation de produits de base pourraient en souffrir, et voir leur balance courante se dégrader.

UN ENDETTEMENT HISTORIQUEMENT BAS

Le Fonds ne s’alarme pas des déficits du commerce extérieur de la région, car ils ont été financés par l’apport d’investissements étrangers qui ont notamment permis l’amélioration des capacités de production. D’autant que le niveau d’endettement africain demeure historiquement bas après les remises de dettes accordées par les pays créanciers membres du Club de Paris.

Le FMI s’inscrit en faux contre l’idée que le fort développement de l’Afrique sub-saharienne depuis une décennie est uniquement lié aux prix élevés des matières premières. « Plusieurs pays pauvres et sans ressource naturelle ont atteint des taux de croissance forts et soutenables sur une période relativement longue », écrit-il.

Le rapport analyse un groupe de six pays appartenant à cette catégorie des champions dépourvus de ressources minières ou pétrolières : le Burkina Faso (+6,5 %), l’Ethiopie (+7 %), le Mozambique (+7 %), le Rwanda (+7,5 %), la Tanzanie (+7 %) et l’Ouganda (+5,4 %). Il identifie les caractéristiques communes qui expliquent, selon lui, leurs performances : des politiques macro-économiques en progrès, des institutions renforcées, une aide au développement accrue et un plus grand investissement en capital physique et humain.

Pour ne pas laisser croire que ces pays sont tirés d’affaire pour autant, le FMI souligne que ces pays demeurent handicapés par une productivité médiocre et de graves insuffisances en matière d’infrastructures.

Alain Faujas