Poutine fait appel à l’intelligence économique

Lors d’un important discours prononcé le 18/12/2010, le premier ministre russe, Vladimir Poutine,  a clairement invité les Renseignements extérieurs de son pays à contribuer à la modernisation économique de la Russie par le biais de l’information. Ce discours ne surprend guère dans le fond. C’est dans la forme que réside la force de sa tonalité.

Ancien du KGB, Vladimir Poutine est resté fidèle à ses convictions : il n’y aura de Russie puissante, prospère et influente qu’avec l’aide de services de renseignements performants. Mais il précise sa pensée, et pas simplement pour la forme : cela ne signifie pas « qu’il faut enfreindre les lois d’autres pays, les services de renseignements de beaucoup de pays travaillant de manière significative avec des sources légales. » Poutine parle bien d’intelligence économique et non d’espionnage comme plusieurs médias l’ont interprété. Et c’est entre autres pour cela qu’il en parle publiquement.

Ce qui accentue la tonalité de ce discours c’est le timing et la publicité. Il intervient quelques jours après l’attribution inattendue de l’organisation de la coupe du monde 2018 à la Russie par la FIFA. Et il est diffusé à la télévision nationale : « Il y a différentes sphères d’activité pour le renseignement, rappelle le premier ministre russe: le renseignement technico-scientifique et le renseignement politique. C’est pourquoi, alors que nous avons des objectifs de modernisation économique, l’aide des services spéciaux n’est pas de trop.»

Cette sortie de Poutine rappelle que dans un échiquier marqué par la profusion d’informations économiques et scientifiques en open source, il n’est pas nécessaire de réinventer la roue pour moderniser l’économie d’un pays doté de volonté politique. Dans le cas de la Russie, conclut l’ancien du KGB, « il faut trouver des projets prometteurs et bien orienter les secteurs de l’économie. »

Guy Gweth