Sahel: la guerre contre l’économie criminelle est déclarée

(Africa Diligence) Cinq chefs d’Etat (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) se sont rassemblé le 16/03/14 à Nouakchott au premier Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Sahel. Ils ont convenu de créer un cadre institutionnel dénommé « G5 du Sahel ». Désormais, la guerre contre l’économie criminelle est déclarée.

Le Sommet avait pour objectif d’examiner les défis sécuritaires et économiques menaçant les pays de la sous-région. Bien qu’aucune action économique concrète n’ait été publiée à la fin des travaux, les cinq pays ont montré leur volonté de s’unir dans la prévention et la lutte contre le terrorisme. Tous font face à d’importants défis sécuritaires liés à la prolifération des actes terroristes menés par les jihadistes armés dans l’espace sahélien.

Dans la région du Sahel, le Mali est relativement menacé par Al-Qaïda. Depuis mars 2012, une filiale d’Al-Qaïda, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a réussi à renforcer son occupation dans le nord du pays. En Mauritanie, les forces de sécurité sont souvent ciblées par des attaques terroristes. Le Niger et le Nigeria sont également témoins d’attentats à la voiture piégée et d’attaques contre des volontaires et des lycéens, qui ont jusqu’à présent entraîné la mort de centaines de personnes.

Non seulement les activités terroristes se sont intensifiées, mais il existe un danger encore plus important qui complique la situation sécuritaire dans tout le continent, surtout en Afrique de l’Est, de l’Ouest et du Nord : selon les informations publiées par les agences de renseignements du Royaume-Uni, les relations entre les terroristes de la région du Sahel et ceux de l’Afrique de l’Est sont de plus en plus étroites. Par exemple, le groupe terroriste de Boko Haram s’est renforcé depuis l’accélération du déploiement d’Al-Qaïda en Afrique sub-saharienne.

Une partie des financements des groupes terroristes provient d’activités criminelles, élément qui représente une menace importante au développement économique de la région. Spécialisés dans les prises d’otages contre rançons, le trafic de drogues et le pillage de ressources naturelles, les jihado-terroristes d’Ansar Eddine, du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ont fait du Nord-Mali un important champ d’expérimentation de leurs basses besognes et opèrent comme une véritable mafia grâce à ce que le géostratège Joseph Vincent Ntuda Ebodé désigne comme « une économie criminelle qui se produit d’elle-même ». D’où la guerre déclarée par le « G5 du Sahel ».

Dans le communiqué publié à l’issue du sommet, les chefs d’Etat des cinq pays ont réaffirmé « la priorité qu’ils accordent à la sécurité et au développement de la région et ont réitéré leur plein engagement à promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance ». La communauté internationale doit quant à elle redoubler d’efforts et d’assistance pour freiner le développement des forces terroristes. Face à la tendance de l’union des groupes terroristes africains, il est préférable de rallier toutes les forces anti-terrorisme afin de dissuader les extrémistes et les terroristes.

Le terrorisme en Afrique n’est pas un problème isolé. A l’ouverture du Sommet, le président mauritanien Ould Abdel Aziz a souligné qu’une corrélation forte existe entre sécurité et développement dans la mesure où il n’y a pas de développement durable sans sécurité, ni de sécurité pérenne sans développement effectif. Pour pouvoir surmonter les défis terroristes et économiques au Sahel, il faut unir les forces régionales et internationales, tout en faisant des efforts dans les domaines sécuritaire et économique.

(Avec Xinhua)