[Africa Diligence] C’est dans une salle quasiment pleine que s’est tenue, le 30 Mai 2018, dans l’auditorium de MBA ESG, 35 av. Philippe Auguste 75011 Paris, la conférence « Intelligence économique et marchés africains : défis et ressources ». L’évènement a réuni trois hautes pointures du domaine : Claude REVEL, Ali LAIDI, Guy GWETH et Annie MUTAMBA, la modératrice du débat.
En presque deux heures d’horloge, les conférenciers ont fait découvrir aux invités le nouveau MBA INTELLIGENCE ECONOMIQUE ET MARCHES AFRICAINS créé par la collaboration entre MBA ESG et le CAVIE (Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique) qui va apporter les outils et ressources nécessaires aux futurs étudiants de cette formation afin de relever les défis de l’IE sur le continent noir.
Les acteurs de l’influence sur les marchés africains
Avant de mentionner les acteurs de l’influence sur le continent, Claude REVEL déléguée Interministériel à l’IE (2013-2015) et membre d’honneur du CAVIE définit l’IE à partir de ces trois piliers : la collecte analyse veille, la sécurité de l’information, puis l’aide à la décision lobbying influence. Ce dernier pilier fait particulièrement l’objet de son intervention et selon qui l’influence est l’une des dernières parties d’un processus d’IE qui permet aux entreprises, institutions et aux États d’exercer leurs pouvoirs sur leurs semblables à partir du Soft Power. « Il faut plus tenir compte du Power que du Soft qui montre une volonté de pouvoirs, de domination » dit-elle. La Chine, les Etats Unis, La France, l’Allemagne, l’Italie et le Brésil sont les quelques acteurs-États cités qui exercent de l’influence sur les marchés africains.
Pour Madame REVEL, il faut que les Africains puissent déterminer les acteurs de l’influence, comprendre comment ils fonctionnent, maîtriser ces influences pour savoir comment passer à la contre-influence. Elle a tenu à rassurer le public que cette formation va fournir les compétences nécessaires aux futurs étudiants pour relever ces différents défis.
La Guerre économique, une réalité sur le continent
Ali LAIDI, auteur et chercheur à l’IRIS, expert éminent en IE, s’est plutôt penché sur la question de la guerre économique en l’exemplifiant sur le continent africain. Pour lui, l’un des défis des futurs apprenants sera de déclencher auprès des Etats le désir de s’affirmer sur la scène internationale. Il faut, a-t-il souligné, prendre en compte les réalités du terrain (géopolitique, ethnique etc.) pour créer un modèle économique adapté aux marchés africains. De par sa posture de « continent de demain », l’Afrique présente l’image d’un ensemble où chaque pays fourbit ses armes sur le plan économique et financier, technologique, juridique, politique et sociétal afin d’avoir l’information stratégique pour anticiper les décisions et les cibles de la manière la plus efficace qui soit. L’Afrique doit comprendre ces fonctionnements, maîtriser les enjeux de la guerre économique et savoir rentrer dans le jeu de la compétition.
La collecte des données, un grand défi de l’IE sur le continent
Le fondateur de Knowdys Consulting Group et Président exécutif du CAVIE, Guy GWETH a démontré l’importance de la collecte de données dans la chaine IE. En Afrique, a-t-il démontré, l’information numérique est presque absente, les logiciels de veille sont limités et les sources d’informations humaines sont le moyen le plus adéquat pour accéder aux informations fiables. D’où le rôle crucial du « renseignement humain » sur les marchés africains. Nombreux sont ces acteurs qui ont échoué dans leur veille informationnelle en Afrique, n’ayant pas compris que les sources d’informations pertinentes sont plutôt humaines. En se basant sur un exemple concret dans le domaine du BTP, M. GWETH a pu dévoiler certaines approches du renseignement humain pour récolter des données stratégiques sur un projet d’appel d’offres afin d’influencer les décisions et gagner ce projet. Cette démonstration a désillusionné plus d’un participant présent et conforté le positionnement dans la grande communauté de l’IE.
A la question de savoir si le MBA INTELLIGENCE ECONOMIQUE ET MARCHES AFRICAINS pourra suffisamment outiller les futurs apprenants à aider les Etats, les institutions, les entreprises africaines à relever les défis du continent, M. GWETH a rassuré les participants sur le caractère unique de cette formation dans l’offre existante, car elle vient répondre à des problématiques précises avec des intervenants experts reconnus en vue de doter les étudiants de compétences pratiques permettant d’être opérationnel à la sortie du cursus.
Avant de passer au cocktail, l’animatrice du jour, Annie MUTAMBA, Lobbyiste chez MEDIA Partners, membre du CAVIE, a attiré l’attention du public présent sur la multi dimensionnalité du marché africain, la particularité de chaque pays, et le grand travail qu’il y a à abattre.
Yemi Tito DJAKOPO, Consultant Business Intelligence