Asmâa Morine Azzouzi : l’émergence africaine selon la patronne des patronnes marocaines

[Africa Diligence] Fondatrice de Cais Consulting, Asmâa Morine Azzouzi est la nouvelle Présidente de l’Association des Femmes Entrepreneurs du Maroc, une puissante entité qui siège au sein du patronat marocain et dans plusieurs conseils d’administration d’agences nationales du royaume chérifien. D’ici, cette consultante diplômée de l’École de guerre économique de Paris porte un regard à 360° sur l’émergence de l’Afrique.

Très active au Maroc, Asmâa Morine Azzouzia a cumulé diverses expériences en conseil financier, gestion du patrimoine et en développement stratégique de 1992 à 2004. Cette année-là, elle crée CAIS CONSULTING, une société spécialisée dans l’accompagnement global des investisseurs au Maroc. Au plan du développement international, elle a aidé de grands groupes étrangers à s’installer au Maroc et permis à d’autres de s’étendre hors du royaume chérifien.

Modèle d’entreprenariat au Féminin, Asmâa Morine Azzouzi est également Présidente de l’association des Femmes Entrepreneurs du Maroc (AFEM), une puissante organisation siégeant dans divers conseils d’administration d’agences nationales et de la CGEM, le patronat marocain. « Je mets tout mon savoir et mon savoir-faire au service des femmes aspirant à des projets de création d’entreprise et à plus de responsabilités dans la vie économique et sociale par le biais d’incubateurs au féminin ‘Maroc Pionnières’ installés dans diverses régions du Maroc et partenaires de la fédération française des Pionnières », confie-t-elle.

Diplômée de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE) Casablanca, titulaire d’un troisième cycle en commerce international, Asmâa Morine Azzouzi est aussi une Ancienne de l’École de Guerre économique. C’est une redoutable femme d’affaire résolument africaine qui a accepté de répondre à nos questions.

Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?

Asmâa Morine Azzouzi : Le continent africain est en train de vivre ses années glorieuses. Il y a 20 ans à peine, il n’y avait pas grand monde qui pariait sur ce continent. Les guerres, les famines, les maladies, l’instabilité économique et politique en faisaient une région quasi-sinistrée. Le sursaut est quand même arrivé, d’une manière insidieuse mais néanmoins soutenue. Le continent pourvoyeur de matières premières, l’Afrique a réussi le pari de la croissance soutenue. Et cela n’est pas prêt de s’arrêter car tout est à construire et la démographie aidant, les pays africains peuvent agir en faveur d’un développement régulier de leurs économies.

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

Cette conjoncture favorable doit être accompagnée par des réformes structurelles favorisant la consolidation des infrastructures et la poursuite de politiques volontaristes en faveur du développement économique et social. L’élément humain devrait être de ce fait le point central de toutes les stratégies avec la lutte contre l’analphabétisme, les inégalités sociales, le déficit sanitaire et autres tares entravant le développement inclusif et durable.

Si vous deviez diriger le gouvernement de votre pays, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Un vaste chantier de réformes de l’enseignement, avec changement des méthodes, des rythmes et des priorités. Nous continuons avec un système conçu au XXème siècle pour des enfants nés dans le XXIème. Deuxième décision, la mise à niveau du système public de santé avec réhabilitation des hôpitaux et des médecins y exerçant et l’instauration d’une carte de santé individuelle retraçant toutes les données personnelles des individus concernant leur santé et avec d’autres fonctionnalités pratiques. Troisième décision, la libéralisation des changes afin de conforter définitivement le Maroc comme plaque tournante et hub de l’économie régionale au carrefour de l’Europe, l’Afrique et la région MENA.

Que pensez-vous de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique ?

La création du CAVIE va permettre aux pays africains d’être sensibilisés à l’intelligence économique et donc seront plus à même de mesurer l’enjeu et les avantages concurrentiels qu’ils pourraient en tirer. Ce Centre permettra également de répertorier les experts reconnus en intelligence économique et les rendre plus visibles pour les donneurs d’ordre.

Propos recueillis par la Rédaction

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