Audit d’entreprise, nouveau territoire de l’intelligence économique

AfriCommodities et GwethMarshall Consulting lancent 4 messages d’alertes aux décideurs africains sur les nouveaux territoires de l’intelligence économique (IE). La première alerte porte sur l’audit interne et externe de la gouvernance des sociétés africaines cotées; secteur qui attire de plus en plus d’acteurs opérant dans la chaîne des valeurs des marchés émergents d’Afrique. Ces acteurs y extraient en effet des informations stratégiques qui touchent à la souveraineté des États africains sans que ces derniers ne s’en rendent compte.

Les sources de la compétitivité internationale sont devenues diverses, diffuses, quelques fois aux mains des États et de plus en plus dans celles d’un vaste ensemble d’acteurs privés qui agissent dans une chaîne des valeurs plutôt bien construite. Ce dispositif fait travailler en réseaux des sociétés cotées, des cabinets d’audit et d’ingénierie financière fiscale, des cabinets de conseil en management, des cabinets de stratégies, des cabinets d’avocats, des cabinets spécialisés en systèmes d’information, des banques d’affaires, des sociétés d’Asset Management, des fonds d’investissements, des sociétés spécialisées dans la communication financière et boursière ainsi que des agences de notation.

La plupart des acteurs – filiales des sociétés multinationales – qui opèrent dans cette chaîne des valeurs sur les marchés émergents d’Afrique s’échangent des données stratégiques sans que les États africains ne soient au courant ! Il est préoccupant de constater la densité des flux d’informations sensibles que nos dispositifs de veille captent entre les praticiens de la due diligence, les abonnés de Bloomberg ou les grands cabinets d’audit et d’avocats d’affaires qui utilisent à leur profit les techniques et les outils d’IE, notamment les logiciels d’extractions de données du type Copernic, pour s’accorder des avantages concurrentiels sur ces marchés émergents. Grâce aux outils d’intelligence économique, on peut facilement lire dans la comptabilité et les écritures financières de certaines sociétés sous contrôle des États qui deviendront des proies faciles pour les fonds vautours.

Il est urgent que les décideurs africains comprennent à quel point l’intelligence économique est pour les États, une question de souveraineté. Les pouvoirs publics, faut-il le rappeler (?), ont le devoir de protéger et de promouvoir les entreprises nationales. L’IE (processus de collecte, d’analyse et de distribution sécurisée de l’information utile aux acteurs économiques), apparaît ici comme une démarche en réseau qui se traduit par la mise en place d’actions structurées au profit de la comptabilité et du système d’information des entreprises.

David Beylard & Guy Gweth, consultants en intelligence économique et stratégique