Ces fonds d’investissements qui ne visent que les PME africaines

[Africa Diligence] « Les PME constituent l’essentiel du tissu économique africain, mais le secteur est hautement risqué » de l’avis des conseils en intelligence économique de Knowdys. Principale cause : le défaut d’informations fiables. Pourtant, le secteur du capital investissement en Afrique a levé près de 14,5 milliards de dollars en 2008 et 2014, les yeux rivés sur les PME.

XSML est un fonds d’investissement né en 2008. Il soutient des PME en Afrique centrale. Il y a quelques années, XSML a investi dans une clinique de Kinshasa en RDC. Un pari gagnant : l’établissement a multiplié par huit ses revenus qui tournent aujourd’hui autour du million de dollars.

« Ils ont déjà remboursé une partie de leur dette, se réjouit Barthout van Slingelandt associé chez XSML. La valeur de nos actions est assez élevée. Environ deux ans après l’investissement, on était déjà capable de distribuer des revenus à nos investisseurs. En RDC, il y a des opportunités. Si on améliore une structure déjà existante en lui donnant des moyens financiers, on peut bâtir quelque chose de bien mieux pour des prix abordables. Il y a un marché car il y a une demande que l’on peut satisfaire avec un meilleur service. »

Cibler des secteurs

Oasis Capital est un fonds ghanéen qui opère également en Côte d’Ivoire. La structure espère lever 50 millions de dollars cette année pour financer des PME dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des services financiers ou encore de l’immobilier.

« Les PME sont d’une manière incontestable, le chaînon manquant du développement économique des pays africains, explique Malick Ouattara, associé ivoirien. C’est la cible qui permet d’avoir un effet multiplicateur au niveau de la croissance. On est conscient des réalités, de l’informel qui est un problème majeur sur le continent. Notre philosophie, c’est donc d’apporter non seulement du capital mais aussi de l’accompagnement opérationnel. Cela signifie aider ces entreprises à se structurer, à être viables, à être reconnues par les autorités compétentes et en faire des champions locaux dans leurs domaines respectifs. »

Rentabilité

Proparco, filiale de l’Agence française de développement vient d’apporter 7 millions de dollars à Oasis capital. Soutenir les PME est une condition sine qua non pour développer le continent, mais c’est aussi rentable, selon Anne-Sophie Rakoutz, responsable des fonds propres et des participations chez Proparco.

« Les micro-entreprises et les PME sont une forme d’organisation qui est dominante dans le monde et qui représente les deux tiers des emplois. Ce sont aussi des structures qui malgré leur fragilité disposent aussi d’une certaine flexibilité qui leur permet d’être innovantes dans leurs offres de services. La difficulté pour les fonds de PME, c’est qu’effectivement avec le poids des coûts, l’investissement dans des sociétés de petite taille ne permet pas toujours de les absorber. Mais globalement, les rendements sont satisfaisants pour un investisseur financier. »

D’après les calculs concordants des experts en intelligence économique actifs sur le continent, les fonds d’investissement dédiés aux PME africaines ont été multipliés par 10, en dix ans.

(Avec Gaëlle Laleix, McKinsey, Knowdys Database)

Dans le même ordre d’idée, lire :