[Africa Diligence] Le 17e Forum économique international sur l’Afrique organisé par l’OCDE s’est tenu à Paris. Une rencontre de débats d’idées et de partage d’expérience autour du thème de cette année. Responsables politiques et milieux d’affaires affirment que l’une des clefs d’une croissance économique durable en Afrique, c’est le développement de « l’entrepreneuriat et de l’industrialisation » sur le continent.
Le dynamisme économique actuel de plusieurs pays africains est encore loin de permettre l’insertion du continent dans la production mondiale, selon Mario Pezzini, Directeur du Centre de développement de l’OCDE. « En Afrique, la production des biens intermédiaires était de 1,4 % de la production mondiale en 1993. Donc, presque rien. Aujourd’hui on est à 2,2 %. On peut faire plus bien évidemment, mais le rythme de pénétration dans les chaînes globales des valeurs est très faible. »
Reconnaître qu’entrepreneuriat et industrialisation sont nécessaires et avoir des idées, ça ne suffit pas, il faut des financements locaux et étrangers. Au niveau qui est le sien, l’Agence française de développement (AFD) est l’un des organismes qui participent au financement de différents projets en Afrique, comme l’explique Rémy Rioux, Directeur général de l’AFD. « L’entrepreneuriat, l’industrialisation, c’est la mission même de notre filiale secteur privé Proparco, qui va augmenter très fortement ses engagements au cours des prochaines années ; elle va doubler ses financements. On va passer à plus de 3 milliards d’euros par an de financement du secteur privé au Sud. Ces financements doivent permettre de soutenir directement les entrepreneurs. »
Les limites du secteur public
Les États ont été à l’initiative pour la plupart des projets industriels entrepris dans les années 1960 en Afrique. La plupart de ces projets se sont révélés non viables économiquement. Selon le Premier ministre guinéen, Mamady Youla, il faut trouver de nouvelles formules pour développer l’industrie. « L’initiative privée doit être remise au cœur des problématiques économiques. Aujourd’hui, les entreprises africaines sont plus concentrées dans le tertiaire et dans le primaire. Il faut que des entreprises africaines aillent vers le secteur secondaire, le secteur donc de développement industriel, à travers des initiatives concertées entre le secteur public et le secteur privé. »
Le souhait du développement industriel du continent doit aller de pair avec le développement d’autres secteurs, explique Papa Mademba Ndao, Directeur général du service chargé des Petites et Moyennes Entreprises au ministère sénégalais du Commerce. « On pèse 3 % du commerce mondial, mais ce qui est le plus grave, c’est que c’est le commerce intra-africain qui pose problème. Aujourd’hui, il est plus facile d’exporter sa marchandise en partant de Dakar vers Paris, plutôt que vers Bamako ou Conakry, qui sont les capitales frontalières. »
Même s’il existe, dans les législations, de moins en moins d’entraves douanières entre les pays du continent, le manque de routes et de chemins de fer nationaux et transnationaux empêche le développement des échanges intra-africains.
Stanislas Ndayishimiye
La Rédaction (avec Amayi Badji)