Concertalisme, clé de voûte d’une gestion efficace des patrimoines culturels africains

[Africa Diligence] Le concertalisme est-il fortement avantageux du seul fait qu’il place l’Homme au centre de la productivité ? Le professeur Emmanuel KAMDEM y a répondu par l’affirmative dans son intervention le 19 juin dernier au colloque international du CERDOTOLA2015. Pour ce sociologue, écoute et concertation sont les clés du succès.

La gestion des ressources culturelles semble souvent aller de soi, celle des ressources naturelles et humaines semblant la supplanter ou tout simplement l’intégrer. Pourtant, avec la globalisation, la nécessité d’une pérennisation des ressources culturelles est accentuée.

En Afrique, l’absence de musées, de centres culturels dignes de ce nom, conjuguée au peu d’intérêt des populations pour la consommation des biens culturels, a encouragé le pillage de ce patrimoine. Ce qui a souvent occasionné des violents conflits entre villages ou entre pays du Nord et pays du Sud. D’après KAMDEM,il ne faut pas se tromper à penser que la solution réside dans la simple réorganisation du marché de l’art, la création et/ou la réouverture des musées ancestraux.

A y regarder de près, une telle approche a le défaut de recycler les solutions antérieures, lesquelles s’étaient engluées dans le conjoncturel, le partiel et le partial, d’après le sociologue camerounais. Plus explicitement, les sociotechniques se partageaient entre le socialisme, le communisme, le consumérisme et le capitalisme. Ce dernier, actuel système économique triomphant, est assis sur une base peu égalitaire. L’orateur a soutenu qu’une gestion décente et durable des ressources immatérielles doit avoir pour socle d’ancrage le concertalisme.

Le concertalisme est un concept inaugural du Pr Emmanuel KAMDEM. Il signifie que dans tout processus de gestion des ressources, il faut écouter les différentes parties prenantes, généralement identifiées autour de 4 acteurs majeurs : l’État, les entrepreneurs, les travailleurs et les consommateurs. L’ancien du Bureau international du travail rappelle que ce système est fortement avantageux, car il place l’Homme au centre de la productivité. D’où la primauté de la coopération sur la compétition, la motivation étant par ailleurs l’élément clé du facteur travail.

Le système de gestion du Cameroun insiste sur l’économie sociale, dont la matrice est la solidarité et la justice sociale. L’intervenant a confirmé que ce choix semble être le mieux adapté et approprié pour la maîtrise du patrimoine linguistique, artistique, littéraire ou traditionnel africain. Il a aussi brillamment montré en quoi le concertalisme, qui suggère au plan politique la concertocratie et au plan stratégique le développement concerté, est une proposition originale pour la gestion pérenne des ressources spécifiquement culturelles en Afrique.

Le professeur Emmanuel KAMDEM est secrétaire général de l’Institut Panafricain pour le Développement (IPD). Par ailleurs économiste et expert-comptable agréé, il a travaillé comme haut fonctionnaire du Bureau International (BIT) à Genève pendant 25 ans. Auteur de plusieurs publications, il a activement participé à de nombreuses rencontres scientifiques internationales en Afrique, en Amérique, en Asie, en Europe et dans les Caraïbes. Il est président du Conseil scientifique International, directeur de l’école doctorale et recteur de l’Université africaine de Développement coopératif (UADC) à Cotonou au Bénin.

La Rédaction (Avec le CERDOTOLA)