Concilier industries créatives, langues et cultures traditionnelles africaines

[Africa Diligence] C’est Dr Saliou NDOUR qui a avait la charge d’expliquer le rôle des langues et cultures traditionnelles dans le développement des industries créatives en Afrique au colloque international du CERDOTOLA 2015. Pour le sociologue sénégalais, l’Afrique a besoin d’être imaginative et créative, de se tailler de nouveaux habits.

Langues et cultures traditionnelles sont apparemment aux antipodes des industries créatives du fait que celles-ci constituent, aujourd’hui, un secteur important de l’économie. Elles se définissent comme : « toute industrie qui a pour origine la créativité individuelle, l’habileté et le talent et qui a le potentiel de produire de la richesse et de l’emploi à travers la création et l’exploitation de la propriété intellectuelle » a expliqué l’orateur. Ainsi, au carrefour des industries créatives se trouvent l’imagination créatrice, l’inventivité, l’économique et la propriété intellectuelle (brevets, copyrights).

Comment donc concilier le triptyque industries créatives – langues – cultures traditionnelles ? Comment langues et cultures traditionnelles pourraient-elles se muer en marchandise pour se retrouver dans une sphère mercantiliste ? Ne s’agit-il pas là d’une perte d’identité, de valeur ? D’un dévoiement de sens ? Dans une mondialisation débridée caractérisée par le développement des TIC, l’Afrique peut-elle continuer à préserver ses traditions, ses langues et ses cultures en se mettant dans une posture défensive ?

Eu égard à toutes ces questions, le conférencier a soutenu qu’une démarche volontariste s’avère nécessaire pour l’ensemble du continent africain. Et pour cause… Dans un précédent colloque organisé en 2002, Saliou NDOUR avait déjà averti : « la lucidité et le réalisme doivent être de rigueur ». Car voulue ou non, la mondialisation est devenue une réalité. Du fait de l’extension des technologies sans cesse renouvelées de l’information et de la communication, aucune culture ne peut aujourd’hui vivre en autarcie. Les cris d’orfraie n’y peuvent rien, avance-t-il. Le loup est déjà dans la bergerie. Il serait suicidaire de se mettre dans la peau de l’agneau.

Le sociologue sénégalais en est arrivé à la conclusion qu’il est temps pour l’Afrique de« se tailler de nouveaux habits de renard : être suffisamment intelligent c’est-à-dire imaginatif et créatif. Un palliatif pour les pays du sud faibles économiquement mais culturellement riches… ».

Enseignant-chercheur, Saliou NDOUR est Docteur en sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, Sénégal.

La Rédaction (Avec le CERDOTOLA)