(Africa Diligence) Le 1er juin 2013, Tokyo a annoncé une aide publique de 10,6 milliards d’euros sur cinq ans pour l’Afrique, à l’ouverture d’une conférence dédiée à ce continent où la Chine, avide de matières premières, accroît considérablement sa présence.
Le Premier ministre Shinzo Abe a promis ces fonds dans le cadre d’une enveloppe plus globale d’«aides publiques et privées» équivalente à 24,2 milliards d’euros pour «soutenir la croissance africaine».
M. Abe a détaillé ce plan d’assistance devant une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains réunis à Yokohama (région de Tokyo) pour la cinquième conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (Ticad).
Avec un peu plus de 2 milliards d’euros par an, l’APD du Japon à l’Afrique devrait dépasser celle de la Chine, qui fournit moins de 1,5 milliard d’euros annuellement d’après les organisations internationales.
Le Japon fournira en particulier 5 milliards d’euros sur cinq ans pour le développement des infrastructures, notamment les «couloirs internationaux» de transports au sein du continent et les réseaux électriques.
Il s’agit d’un point crucial, car «l’Afrique perd 2 points de croissance par an du fait de ses infrastructures déficientes», a souligné le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh.
Certes, l’Afrique a connu un taux de croissance moyen de 5% lors de la dernière décennie, mais ce développement «a été surtout tiré par les exportations de matières premières», a noté le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn.
D’après lui, ceci devrait «changer dans les années à venir, à mesure que le continent diversifie son économie», mais il faut pour cela que les coopérations nouées dernièrement aboutissent à des résultats probants en terme d’infrastructure.
M. Desalegn a évoqué des «partenariats» engagés avec «différents membres de la communauté internationale», entre autres le Japon, mais aussi bien sûr la Chine dont la présence est devenue incontournable sur le continent, ainsi que d’autres pays émergents comme le Brésil et l’Inde.
Les Chinois sont devenus en 2009 les premiers partenaires de l’Afrique, dont 13,5% du commerce extérieur se faisait alors avec la Chine, contre seulement 2,7% avec le Japon, d’après l’OCDE. Les échanges sino-africains ont plus que doublé depuis et la Chine a pris la deuxième place économique mondiale au Japon.
La situation a donc radicalement changé depuis le dernier sommet Japon-Afrique de 2008 et le président de l’UA a lancé un vibrant appel aux entrepreneurs japonais pour qu’ils investissent en Afrique, évoquant l’arrivée en force de «nouveaux venus», sans citer nommément les Chinois.
La venue des entreprises japonaises est d’autant plus importante que l’Afrique se concentre désormais sur «la création d’un marché commun, le développement industriel et le développement des infrastructures», a renchéri le président sud-africain Jacob Zuma.
Pour soutenir les échanges privés, le Japon va fournir 20 milliards de dollars d’assurance pour le commerce et l’investissement privés dans ce marché continental en devenir qui comptera 2,2 milliards d’habitants en 2050.
«La croissance rapide du marché d’Afrique attire autant les entreprises japonaises que ses ressources naturelles», a assuré M. Abe, cherchant à se démarquer d’une Chine lancée dans une quête effrénée de minerais et d’énergie pour nourrir sa croissance.
M. Abe a dévoilé d’autres soutiens, comme la formation de 1.000 instructeurs agricoles pour favoriser le doublement de la production de riz dans la région sub-saharienne d’ici à 2018, le soutien à l’éducation de 20 millions d’enfants et l’amélioration de l’accès à l’eau potable pour 10 millions d’Africains.
Il a aussi profité de l’occasion pour demander aux dirigeants africains présents de soutenir la candidature de Tokyo pour les Jeux Olympiques de 2020.
(Avec AFP)