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Crise sur le marché du caoutchouc en Afrique

[Africa Diligence] En Côte d’Ivoire, la filière de l’hévéa cristallise plusieurs paradoxes : avec plus d’un million de tonnes produites, la Côte d’Ivoire est le premier producteur de caoutchouc en Afrique, le quatrième au niveau mondial. Mais la filière du caoutchouc naturel traverse une crise, liée notamment à la crise sanitaire mondiale et à des problèmes structurels.

Début octobre, le prix du caoutchouc a été fixé à 316 francs CFA/kg par l’Association des professionnels du caoutchouc (Apromac). Sur le terrain, ce prix homologué n’est pas systématiquement respecté. C’est notamment le cas, lorsque des intermédiaires entrent en jeu : « les intermédiaires cassent les prix auprès des planteurs, trop souvent pressés de recevoir leur paiement dans l’immédiat et non à la fin du mois », explique Léonce Obrou, le président de l’Association nationale des planteurs d’hévéa (Anapha-CI).

D’après ce responsable, les planteurs ne parviennent pas à écouler leurs productions auprès des usines. L’Apromac l’évalue, cette année, à 1,3 million de tonnes. Une production beaucoup plus importante par rapport à la demande.

Cette crise met en lumière une forte dépendance de cette filière par rapport à l’exportation. En effet, la majorité des usines se limitent à une transformation première de l’hévéa. Plus de 99% du caoutchouc est exporté, soit sous forme de fonds de tasse ou de caoutchouc granulé. Et près de la moitié de cette marchandise est exportée en Chine. Or les restrictions liées au Covid dans ce pays ont réduit le nombre de commandes. Résultat : « les usines tournent au ralenti et achètent moins : les usiniers ne veulent pas prendre d’engagement », affirme Eugène Kremien, le président de l’Apromac.

L’urgence d’accroître les possibilités de transformer sur place les dérivés de l’hévéa

Des pistes à moyen terme pour favoriser la transformation locale. Que faire de la production d’hévéa qui circule sur le marché ? De manière exceptionnelle, le Conseil Hévéa-Palmiers à Huile (CHPH) va délivrer des autorisations d’exportation pour écouler près de 300 000 tonnes de caoutchouc, indique Edmond Coulibaly, le directeur de cette structure.

En parallèle, le CHPH encourage l’installation de nouvelles usines, à travers des mesures incitatives, comme des crédits d’impôt ou l’exonération des droits de douanes. Enfin, tous les acteurs en sont conscients : cette crise souligne l’urgence d’accroître les possibilités de transformer sur place les dérivés du caoutchouc naturel : produits pharmaceutiques, gants, pneu de vélo… les produits issus du caoutchouc naturel constituent une niche encore inexploitée par les entreprises ivoiriennes.

La Rédaction (avec Bineta Diagne et LB)

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