Développer la caféiculture pour l’émergence de l’économie africaine

[Africa Diligence] L’Afrique peine à relancer la culture du café. Pourtant étendue à 25 pays du continent, la production africaine de café décline d’année en année, souligne l’Organisation internationale du café (ICO).

La ville balnéaire de Grand-Bassam accueille ces 5 et 6 février 2018  la 57ème assemblée générale De l’OIAC, l’organisation interafricaine du café, qui réunit des délégations de 25 pays du continent sous le thème : « Développement d’une caféiculture durable pour l’émergence de l’économie africaine ». Au cœur des débats, la relance de la culture du café en Afrique dans un contexte mondial de déficit de l’offre.

L’Afrique veut à nouveau s’investir dans la culture du café. Après un développement enregistré depuis les indépendances jusque dans les années 1980, la culture du café sur le continent a fait les frais de la chute des cours des années 1990.

« La production africaine de café a stagné depuis plus de 20 ans et la part du continent dans l’offre mondiale est passée de 65% à 11 à 12% à ce jour » a relevé Denis Sedieu, représentant de l’OIC (organisation internationale du café) à ces assises. Selon les chiffres de l’OMC, de 1,3 million de tonnes à la fin des années 1980, la production africaine a enregistré une baisse continue pour se situer aujourd’hui autour de 900 000 tonnes. Et les recettes d’exportation tirées du café par les économies du continent représentent moins de 10% des recettes mondiales contre 21% en 1990 ; une perte sèche pour les économies du continent.

Un marché mondial en manque de café  

Cependant, le nouveau contexte international milite en faveur d’un regain d’intérêt pour une spéculation qui avait fini par être délaissée au profit d’autres spéculations agricoles jugées plus lucratives. « En 2015, la consommation mondiale de café avoisinait les 9,12 millions de tonnes alors que l’offre se chiffrait à 8,58 millions de tonnes » a rappelé Souleymane Diarrassouba, le ministre ivoirien en charge du Commerce. Un gap important qui offre une bonne marge de manœuvre aux États africains qui trouvent donc ici une occasion pour remettre en selle la filière.

Les États doivent toutefois travailler à lever de nombreux écueils : une population de planteurs vieillissants, l’abandon des politiques d’encadrement des paysans depuis les années 1990, la divulgation insuffisante des résultats de la recherche qui offre pourtant des plants à très haut rendement. À ce niveau, l’on apprend que le rendement du café en Afrique est estimé à 300 kg l’hectare, soit environ 10 fois moins que dans les autres régions productrices du monde.

Le contexte est favorable. L’enjeu des assises d’Abidjan est donc de formuler de nouvelles stratégies afin de conduire efficacement la relance de la production africaine de café, tout en veillant à maintenir la demande de sorte à éviter de subir à nouveau le contrecoup de la chute des cours.

En attendant les conclusions des travaux ce mardi 6 février, plusieurs pistes sont déjà évoquées. Il s’agit notamment d’améliorer les revenus des paysans, d’inciter à la consommation locale du café comme en Éthiopie, premier producteur de café du continent qui consomme 60% de sa récolte. Il est également question de trouver le moyen de pénétrer un peu plus le marché asiatique, la Chine en particulier. En outre, la transformation locale est un autre défi à relever afin d’intégrer la chaîne de valeur du café.

Selon les estimations, le déficit actuel du marché semble bien structurel : les experts tablent sur une consommation mondiale de café de 10,6 millions de tonnes en 2020 contre une production de 8,6 millions de tonnes. Le marché offre donc de bonnes perspectives pour les 25 pays africains producteurs de café qui pourront à nouveau faire du continent la terre de prédilection de la culture du café.

La Rédaction (avec Jean-Mermoz Konandi)