Le numérique, une chance pour l’économie africaine ?

[Africa Diligence] Selon la  CNUCED, la numérisation impacte de plus en plus les économies africaines de plusieurs manières. L’utilisation du Big Data ou traitement des données à grande échelle, l’intelligence artificielle (IA) et l’impression en trois dimensions (3D) en constituent des exemples.

La progression du numérique en Afrique est fulgurante. Certes, avec 388 millions d’internautes, le taux de pénétration d’Internet – 32 % de la population – est encore plus faible que sur d’autres continents, mais nulle part ailleurs la progression n’est aussi rapide. Ce développement s’appuie essentiellement sur la progression de la téléphonie mobile : le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile dépassera le milliard en 2020.

Cette progression des connexions Internet s’est accompagnée de l’émergence d’un écosystème d’entrepreneurs, d’investisseurs, de start-up et de structures d’accompagnement particulièrement dynamiques. Ainsi, d’après Partech Ventures, les montants levés par les start-up africaines ont été multipliés par 8,7 depuis 2012, pour atteindre déjà  366 millions de dollars en 2016 pour 77 start-up financées.

De même, le nombre d’incubateurs, d’accélérateurs, de Fab Lab et autres espaces de co-working en Afrique dépasse celui constaté en Asie en 2016, d’après une étude de GSMA. Le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Kenya ainsi que le Maroc et la Côte d’Ivoire sont à la pointe de cette tendance.

Banque mobile

Trois spécificités du développement du numérique en Afrique rendent cette évolution encore plus intéressante. D’abord, cette progression ne suit pas les chemins qui ont été observés en Amérique du Nord et en Europe, ni même en Chine. L’Afrique connaît en effet un « grand bond en avant » technologique et passe de la quasi-absence de connexion à la téléphonie en 4G.

L’impact de la technologie est donc encore plus fort en Afrique qu’ailleurs, comme le montre l’adoption, dans des proportions impressionnantes, des services les plus innovants, notamment en matière de banque et de paiement mobiles, ou encore d’accès à l’énergie. Ainsi, selon la Banque mondiale,  80 % des Kényans utilisent leur smartphone pour leurs transactions financières.

Innovation frugale

De plus, les spécificités du continent et les nombreuses difficultés que connaissent encore les entreprises dans leurs activités quotidiennes obligent les entrepreneurs à faire preuve d’une particulière ingéniosité et à être le plus efficaces possible en mobilisant le minimum de ressources. C’est le concept d’innovation frugale qui conduit les start-up africaines à développer de nouveaux business models qui pourraient bien demain conquérir les pays occidentaux.

Enfin, la révolution numérique sur le continent africain n’en est qu’à ses débuts. Même si les grands opérateurs télécoms et les géants de l’Internet s’y intéressent particulièrement, aucune entreprise n’y a encore de position dominante, ce qui ouvre de nombreuses opportunités pour tous les acteurs – géants américains ou chinois, grandes entreprises traditionnelles ou encore start-up. Ainsi,  Jumia,   Afrimarket ou encore  M-Kopa sont de premiers exemples de success-stories africaines et font figure de pionniers pour une nouvelle génération d’entrepreneurs africains.

La Rédaction (avec Maxime Baffert et Julie Ranty)