Et si l’Afrique refusait la transition énergétique ?

[Africa Diligence] En Afrique noire, 730 millions de personnes utilisent la biomasse solide pour la cuisson alimentaire, provoquant jusqu’à 600 000 décès prématurés par an selon Knowdys Database. Le continent peut-il migrer vers un bouquet énergétique basé sur des ressources renouvelables ? Les décideurs sont-ils prêts à passer d’une production centralisée orientée par la demande à une production décentralisée déterminée par l’offre ?

L’électricité reste la forme d’énergie qui connaît la croissance la plus rapide au monde, mais elle contribue plus que tout autre à la réduction de la part des combustibles fossiles dans le mix énergétique mondial. Alors que 7 200 gigawatts (GW) supplémentaires sont nécessaires pour répondre à la demande croissante d’électricité, 40% du parc actuel des centrales électriques doit être remplacé durant les 25 prochaines années en raison de son vieillissement. Les énergies renouvelables, quant à elles, représenteront 1/3 de la production mondiale d’électricité en 2040.

La transition énergétique à laquelle l’Afrique est instamment conviée implique le remplacement progressif des ressources limitées et non renouvelables (combustibles fossiles) par des sources d’énergies renouvelables au profit de la quasi-totalité des activités humaines. Éclairage, transports ou même des industries devraient en profiter. Elle implique également d’obtenir une meilleure efficacité énergétique en évitant la surproduction et les consommations superflues. Véritable révolution comportementale et sociotechnique, la transition énergétique oblige l’Afrique à passer d’une production centralisée orientée par la demande à une production décentralisée déterminée par l’offre, ce qui est loin d’être le cas au sud du Sahara.

L’utilisation de technologies a un coût d’investissement important et les prix élevés des combustibles fossiles conduisent à une augmentation des coûts moyens de la fourniture d’électricité et du prix payé par le consommateur final. Ceux qui n’ont pas accès aux services énergétiques modernes souffrent de la forme la plus extrême d’insécurité énergétique : cas de l’Afrique subsaharienne. Au premier semestre 2015, près de 620 millions de personnes y sont privées d’accès à l’électricité. Pour les autres, l’approvisionnement est souvent insuffisant, aléatoire et parmi les plus chers au monde.

Utilisée en intérieur avec des foyers peu efficaces, elle provoque une pollution de l’air à l’origine de 600 000 décès prématurés par an. Alors que 30% des découvertes de pétrole et de gaz réalisées dans le monde ces cinq dernières années ont été faites, l’Afrique subsaharienne (13% de la population mondiale et seulement 4% de la demande énergétique mondiale) est la région est riche en ressources énergétiques sous-exploitées. Environ 730 millions de personnes recourent à l’utilisation de la biomasse solide pour la cuisson des aliments.

La transition énergétique n’est pas une option. C’est une nécessité pour l’Afrique. Mais il faut être réaliste. Même si un milliard d’Africains accèdent l’électricité, plus d’un demi-milliard en seront toujours privés dans 25 ans… Il faut donc se dépêcher de relever les défis énoncés plus haut. D’ici à 2040, l’économie subsaharienne va quadrupler, sa population se multiplier par deux et sa demande énergétique croître de 80%.

La libération du potentiel électrique, la création des infrastructures supplémentaire pour éviter 50% des coupures, la libération du potentiel hydroélectrique du continent et une meilleure gouvernance électrique pourraient générer un gain de 30% pour l’économie subsaharienne d’ici à 2040. Cela équivaut à une décennie supplémentaire de croissance des revenus par habitant.

La Rédaction (avec Knowdys Database et l’AIE)