Et si on faisait croire que le diamant africain va cesser de briller…

[Africa Diligence] Alors que certains analystes s’inquiètent de l’arrivée de diamants artificiels sur le marché – l’Afrique génère 60% du brut mondial – De Beers fonce droit dans la mine sud-africaine, au fond d’un tunnel en construction à la frontière du Botswana et du Zimbabwe. Et si les diamants synthétiques étaient son coup de poker…

Leader mondial avec plus d’un tiers de la production annuelle de brut, le Sud-Africain De Beers a annoncé en 2015 qu’il pourrait investir le marché des diamants synthétiques destinés à la joaillerie. Un coup de semence pour des pays producteurs tels que l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, le Cameroun, le Ghana, la Namibie, le Libéria, la RDC, la Sierra Leone, le Liberia, la Tanzanie ou le Zimbabwe. A elle seule, l’Afrique génère 60% du brut mondial.

Mais entre l’annonce de 2015 et le passage à l’acte en 2016, il n’y a qu’un pas que les stratèges du géant minier n’ont pas franchi, réservant l’argument massif pour leurs négociations avec les Etats producteurs.

Pendant ce temps, l’entreprise a entamé l’exploitation d’une nouvelle mine en Afrique du Sud, avec la construction d’un tunnel permettant d’avoir un accès direct aux gisements de diamants, après avoir dépensé 2 milliards USD dans cette aventure commencée il y a 25 ans.

Le tunnel dont la construction a commencé près de la frontière avec le Zimbabwe et le Botswana, à 450 mètres en dessous du sol, et d’une longueur d’un kilomètre, montre que le géant du diamant est prêt à faire un effort financier, prévoyant des décennies de profit.

Depuis la divulgation de cette opération, de nombreux analystes sont apparus dans les médias pour indiquer, comme un seul homme, que les grands gisements de diamants ont tous été explorées, et qu’il ne reste, au plus, que de très petites quantités à découvrir.

Plus que jamais, la forte variation des prix oblige les entreprises de diamant à calculer s’il est rentable de poursuivre l’exploration dans des conditions géologiques de plus en plus difficiles, ou dans des pays instables comme l’Angola et la République du Congo. Reste que sur ce juteux marché, parfois couvert de sang, la guerre de l’information n’est jamais bien loin.

Olga Rekesa