Moi, premier avocat Noir d’Italie, je veux siéger au parlement

[L’Africa Diligence] L’Europe politique prend des couleurs et la jeune élite noire du vieux continent pousse l’impossible dans ses derniers retranchements. Premier avocat Noir d’Italie depuis 2012, Abdoulaye Mbodj, 31 ans, vise le parlement italien. Fils d’un marchand ambulant originaire du Sénégal, il ne s’interdit pas de viser les plus hauts sommets. Un revenez-y de Barack Obama ?

Musulman, il voulait étudier à l’Université catholique. « Pour me payer mes études, j’ai dû vendre des tomates durant l’été 2004 avant d’obtenir une bourse. » Mais ses parents n’étaient pas loin : « Ils se demandaient constamment : que pouvons-nous faire pour aider nos enfants ? La seule réponse était : les études. Et ils nous y ont poussé au prix d’énormes sacrifices. A l’époque, mon père faisait chauffeur de camion et ma mère était baby-sitter ». Aujourd’hui, la sœur d’Abdoulaye Mbodj est un ingénieur civil, et son frère expert agricole.

Lorsqu’il prête serment, le 14 Décembre 2012, Abdoulaye Mbodj n’a pas seulement réalisé son rêve, mais celui de nombreux émigrés originaires d’Afrique subsaharienne : devenir le premier avocat Noir de Milan et d’Italie. Aujourd’hui âgé de 31 ans, il est spécialisé dans les crimes économiques. Au sein de ses deux cabinets, l’un à Porta Venezia et l’autre à Lodi, il traite spécialement les antécédents criminels des entreprises.

Pour lui, le véritable héros de cette aventure est son père. En 1988, alors que le futur avocat n’a que 3 ans, son père quitte Dakar pour l’Italie à la recherche d’un avenir meilleur pour lui-même et sa famille. « Il est allé vivre à Zingonia, près de Bergame, et s’est mis au commerce ambulant, témoigne Abdoulaye Mbodj. Chaque jour, il partait pour Milan afin de vendre des briquets sur la Piazza Castello, ensuite à Zingonia, à la station Vedellino, puis à Milano Centrale. Il y avait des jours où il pouvait juste vendre cinq briquets… Quelquefois, les pompiers parfois le poursuivaient car il était en situation illégale. Cela a duré pendant deux ans, jusqu’à ce qu’il obtienne un permis de séjour. »

Cofondateur de AABA, un organisme à but lucratif qui vise à aider les populations pauvres de Dakar, le jeune avocat consacre également du temps à ses activités associatives. « Grâce au CIPMO (Centre italien pour la paix au Moyen-Orient), témoigne-t-il, nous développons un projet pilote pour aider à inclure la communauté sénégalaise à Zingonia et Pontevico. Nous voulons créer un réseau parmi les immigrants «anciens» et «nouveaux», mais aussi un pont entre l’Italie et les pays d’origine.

Comme tous ceux qui ignorent l’impossible, Abdoulaye Mbodj formule désormais le vœu d’atteindre les plus hauts sommets. Prochaine étape : le parlement italien. Objectif : devenir membre de la commission judiciaire. Un revenez-y de Barack Obama ? Affaire à suivre…

La Rédaction (avec Marianna Vazzana)